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Par ordre de date, la rubrique "NEWS" résume pour vous les principales informations importantes parues dans les médias, sur les mondes judiciaire et pénitentiaire, et transmet aussi des anecdotes, des statistiques relatives à la délinquance et à la vie carcérale. Les sources des informations sont citées.

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Le garde des Sceaux répond à l'appel de l'Obs

Il y a deux mois, dans l'Obs, 200 personnalités lançaient un appel pour dénoncer l'état indigne de nos prisons. Pascal Clément leur répond.

Pas d'amélioration sans de nouvelles prisons

Il faut évidemment agir pour rendre l'incarcération des personnes plus humaine et moins dégradante. La peine de prison ne doit plus être la peine de référence, la détention provisoire doit être exceptionnelle. Il appartient aux magistrats de recourir, lorsqu'ils l'estiment opportun, à des peines alternatives à l'incarcération et aux aménagements de fins de peine. Mais j'entends tant de beaux discours... Parlons plutôt des actes ! Qui a agi par le passé ? Parmi vos 200 signataires, beaucoup, notamment à gauche, n'ont rien fait pour améliorer la situation de nos prisons. Il n'y a pas eu d'échec collectif des politiques, comme on le dit : depuis vingt ans, c'est la droite et elle seule qui a mis en place des programmes pour moderniser les prisons.
Car aujourd'hui l'amélioration des conditions d'incarcération passe par la construction de nouveaux établissements. Or ces programmes ont toujours été lancés par des gouvernements de droite : Chirac en 1986 (13 000 places), Balladur en 1993 (4 000 places) et plus récemment Jean-Pierre Raffarin (13 200 places). En dehors de discours incantatoires, les socialistes, eux, n'ont rien fait ! Lorsqu'elle était garde des Sceaux, Elisabeth Guigou a sorti un chiffre pour faire peur : un coût de 10 milliards de francs. Ça a réussi, elle s'est fait peur ! Marilyse Lebranchu souhaitait soi-disant construire de nouveaux établissements. Résultat : rien. Alors que nous, nous agissons : nous rénovons tous les grands établissements vétustes (Fleury-Mérogis, les Baumettes, la Santé) et nous créons 13 200 places neuves, dignes et sûres. Les premiers établissements ouvriront dès 2007. L'Etat en assurera le contrôle en déléguant des compétences au secteur privé : hôtellerie, restauration, maintenance...

En finir avec "l'école du crime"

Comme mes prédécesseurs Elisabeth Guigou ou Robert Badinter, je suis opposé au numerus clausus. C'est un principe absurde et inapplicable. En France, le taux d'incarcération (93 détenus pour 100 000 habitants) est inférieur à celui de nos voisins européens (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal). C'est bien là la preuve que notre politique pénale ne privilégie pas la détention. Contrairement à ce que l'on entend trop souvent, il n'y a pas trop de détenus en France, mais pas suffisamment de places de prison. Les nouvelles places ne seront pas la réponse à tout, mais elles permettront de régler le problème de la surpopulation en favorisant l'encellulement individuel. De plus, je souhaite qu'à terme on trouve dans toutes les maisons d'arrêt un quartier pour les « courtes peines », avec des mesures de sécurité allégées. Les « petits délinquants » ne doivent plus être mélangés avec les autres afin d'en finir avec ce qu'on appelle « l'école du crime ». Enfin, de nouveaux centres de détention permettront d'accueillir des condamnés à de longues peines, qui n'ont rien à faire en maison d'arrêt, comme c'est trop souvent le cas actuellement.

Diviser de moitié le nombre de prévenus

Nous devons lutter contre cette culture française de la détention provisoire. En particulier lorsqu'elle est utilisée pour obtenir des aveux, car la loi l'interdit ! Il y a trop de personnes en détention provisoire en France : cela représente entre 35% et 40% de la population carcérale, alors que l'on devrait être plus proche de la moyenne européenne (20%). Il faut limiter la détention provisoire aux individus dangereux et à ceux qui pourraient communiquer sur des éléments importants d'une enquête ou exercer des pressions sur des tiers. Je veux aussi permettre aux juges de travailler dans de meilleures conditions, en rompant notamment leur isolement. La solitude du magistrat est un risque. Je veux trois juges à plein temps dans les chambres d'instruction afin que celles-ci exercent un réel contrôle sur l'instruction. Je souhaite aussi que les jeunes juges soient aidés et formés par des juges expérimentés. La collégialité est le meilleur moyen d'éviter les dérives.

Mieux suivre les détenus libérés

Il y a très peu de primo-délinquants dans les prisons (personnes condamnées pour la première fois, ndlr). En France, les magistrats ne prononcent pas de peines d'emprisonnement à la légère : la majeure partie des détenus sont des récidivistes ! La justice a donc préalablement prononcé à leur encontre des peines alternatives. Je suis favorable aux procédures rapides, qui rapprochent les faits de la sanction, car c'est plus efficace, et je crois aux sanctions pédagogiques. La prison doit être le dernier recours. Contrairement à la gauche, nous avons favorisé depuis 2002 les aménagements de peine et le suivi des détenus libérés. Ma mesure sur le bracelet électronique mobile (permettant de suivre électroniquement les déplacements des délinquants sexuels et des criminels récidivistes, ndlr), qui a été tant vilipendée, a finalement été jugée constitutionnelle. Elle permettra justement de favoriser les libérations conditionnelles et de mieux suivre les individus dangereux pour limiter la récidive. Concernant les aménagements de peine, j'ai conscience que les conseillers d'insertion et de probation sont débordés. Leurs effectifs passeront de 2 000 à plus de 3 000 d'ici à cinq ans. L'effort est considérable ! J'ai enfin demandé à ce qu'il y ait un volet sur l'accès au travail et au logement des détenus dans le programme social de Jean-Louis Borloo.

Loi Kouchner réservée aux "mourants"

Aujourd'hui, les tribunaux d'application des peines répondent favorablement à une demande sur deux. Ce n'est pas rien. Quand Bernard Kouchner (l'ancien ministre de la Santé de Lionel Jospin, ndlr) a présenté sa loi en 2002, il s'agissait d'autoriser la sortie pour les détenus dont le pronostic vital est engagé ou quand l'état de santé est incompatible avec le maintien en détention. Ils ne sont d'ailleurs pas graciés mais obtiennent une suspension de peine et doivent retourner en prison en cas de guérison. Pour moi, cela concerne avant tout les personnes dont l'espérance de vie ne dépasse pas quelques semaines, afin qu'ils ne meurent pas en prison. C'est pourquoi j'ai souhaité que les condamnés présentant un risque élevé de récidive soient exclus du dispositif. Quand j'entends que d'anciens terroristes non repentis font leurs courses sur les marchés, alors qu'ils étaient, disait-on, à l'article de la mort... cela m'est insupportable. Les malades, même atteints d'une affection grave mais qui ne sont pas au « seuil de la mort », n'ont pas à bénéficier de cette loi, ils peuvent être soignés en détention et ils le sont.

Des unités spécialisées pour les malades mentaux

C'est un vrai problème : environ 40% des détenus relèvent de la psychiatrie, mais il y a très peu de lieux pour les soigner. Quand on les met dans des hôpitaux psychiatriques, ils s'évadent. Avec mon collègue de la Santé, nous avons décidé de créer des lieux adaptés. Les premières unités de ce type ouvriront en 2008. Je ne veux pas, pour autant, que ces personnes soient libérées pour être internées dans des établissements psychiatriques, je veux qu'elles continuent à purger leur peine dans un endroit adapté à leur pathologie et à l'écart des autres détenus. Par ailleurs, je veux que chaque criminel sortant de prison fasse l'objet d'un suivi socio-judiciaire avec une injonction de soins réellement appliquée.

Oui aux parloirs familiaux

J'y suis favorable pour les condamnés à de très longues peines ne pouvant bénéficier de permission de sortie. Trois unités de visite familiale ont été mises en place, à titre expérimental. Les détenus peuvent y recevoir leurs conjoints et leurs enfants dans des conditions d'intimité pour une durée maximale de 48 heures. Jusqu'à présent, tout se passe bien, avec un impact très positif notamment sur les enfants. Je veux l'étendre à d'autres établissements. (OIP - 5.01.2006)

 

Des états généraux derrière les barreaux

par Patrick MAREST, Délégué National de l'Observatoire International des prisons.

Le scandale des prisons françaises est de notoriété publique. Les rapports de toute nature se sont accumulés, dressant d'année en année le constat toujours plus accablant de leurs carences et dysfonctionnements. Les diverses instances européennes et nationales de protection des droits de l'homme nous ont tour à tour enjoint d'y remédier sans délai. Rien n'y fait. La France a résolument tourné le dos à la volonté réformatrice qui avait ponctué la vaste enquête parlementaire de 2000 sur les prisons. Cette volte-face de la politique pénale et pénitentiaire puise son inspiration dans des formules éculées ­ n'est-ce pas le futur Napoléon III qui proclamait en 1849 : «Que les bons se rassurent et que les méchants tremblent !» ­ et mâtinées d'ersatz de tolérance zéro inspirée par les Etats-Unis et définie ainsi par l'ancien garde des Sceaux Dominique Perben : «Pour que la peur du gendarme soit opérante, on doit avoir peur du juge !»

Si cette vision de la justice répressive avait un quelconque effet sur l'évolution des statistiques des délits et des crimes, les prisons seraient vides. Elles ne le sont pas. Au nom de la sécurité, le gouvernement les remplit comme aucun autre avant lui. Sans s'interroger sur la pertinence et l'utilité sociale de rendre les sanctions plus certaines et plus lourdes. Sans se préoccuper de l'état de saturation dans lequel il place le système judiciaire et pénitentiaire.

Cette fuite en avant du gouvernement dans la volonté de punir davantage s'accompagne du déni systématique des conséquences de sa politique et de son échec patent en termes de sécurité publique. Le ministère de la Justice repousse toute critique, dédaigne toute préconisation et réfute les effets dramatiques au sein des lieux de détention de sa croisade sécuritaire. Il poursuit en l'accentuant l'extension permanente du parc pénitentiaire, ce qui portera en 2007 à 30 000 le nombre de nouvelles places de prisons construites en vingt ans.

Que faire devant une telle détermination aveugle ? Déjà, les personnes détenues et leurs familles ont délivré leur témoignage d'un quotidien empreint de tensions et de violences. Les surveillants, les travailleurs sociaux, tout comme les intervenants en milieu carcéral ­ enseignants, médecins, aumôniers, associations, etc. ­, n'ont eu de cesse de dénoncer l'impossibilité dans laquelle ils se trouvaient de mettre en oeuvre les missions qui leur sont assignées. Les magistrats et les avocats ont dit et redit que la justice n'était plus à même de répondre aux exigences de procès équitables. Il est temps aujourd'hui que l'ensemble des acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire se réunissent. Et qu'ils interpellent collectivement nos concitoyens comme nos décideurs publics sur les conséquences délétères de l'enfermement pour les personnes et sur les conditions de travail en détention.

Il est de notre responsabilité de placer une nouvelle fois la société française face à ses prisons. Confrontée à ce qui se passe concrètement derrière les murs, elle sera à même de mesurer s'il convient de rompre avec la complaisance séculaire dont bénéficie la prison républicaine qui, comme l'a souligné récemment Robert Badinter, «porte en elle son échec toujours renouvelé et toujours accepté».

C'est avec cette finalité que des états généraux de la condition pénitentiaire pourraient utilement être organisés. Réalisés sous l'égide des collectivités territoriales avec le concours des barreaux, des réunions publiques locales, régionales puis nationales, ils associeraient les organisations professionnelles et les structures associatives. On sait que sur l'essentiel les diagnostics se rejoignent. De ces constats partagés découlent bien souvent des attentes convergentes. Elles doivent devenir des perspectives formulées au travers de cahiers de doléances qui s'imposeront au gouvernement. Charge à lui de confier à une commission large et pluridisciplinaire, animée par une personnalité qualifiée et incontestable, le soin de procéder à la mise à plat des missions et du fonctionnement du système pénitentiaire.

Parce que le respect des droits de l'homme est un principe non négociable dans une société démocratique. Parce qu'il est urgent de réfléchir à ce qu'une telle société peut attendre du recours à l'emprisonnement et à ce qu'elle doit renoncer à en espérer. Pour qu'enfin les orientations de politique pénale et pénitentiaire s'élaborent sur des bases rationnelles.  (mardi 10 janvier 2006)


 Des états généraux sur la prison en octobre à Paris
  
   PARIS, 10 jan 2006  -  Des états généraux de la condition pénitentiaire, auxquels les détenus seront associés, auront lieu à Paris en octobre à l'initiative de l'Observatoire international des prisons (OIP), a
indiqué cette association mardi.
   Un questionnaire, disponible à partir de mi-février via l'internet, permettra de "recueillir les attentes des uns et des autres" (organisations professionnelles d'avocats et de magistrats, associations, détenus,
surveillants...), selon l'OIP.
   Pour les détenus, c'est l'association Emmaüs qui serait chargée de distribuer les questionnaires.
   Des "cahiers de doléance", qui serviront de base à des propositions de réforme pénitentiaire, seront ensuite rédigés et remis au gouvernement et aux candidats à la présidentielle.
   Le comité de parrainage de cette opération qui entend susciter "une prise de parole des acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire", sera animé par l'ex-ministre de la Justice Robert Badinter.
   Des associations et des syndicats, comme l'Union syndicale des magistrats (majoritaire), le Syndicat de la magistrature (gauche), le Syndicat des avocats de France (gauche), la Ligue des droits de l'homme, la CGT pénitentiaire et la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) seront associés à cette initiative.
   Pour Gabriel Mouesca, président de l'OIP, ces états généraux devront "être un moment de vérité, l'occasion de mettre enfin la France face à ses prisons alors que les constats alarmants et les protestations se sont multipliés mais demeurent lettre morte". Le nombre de détenus est actuellement plus important
que celui des places disponibles avec une densité carcérale de 115,7%.
   "A la veille d'une échéance électorale majeure (ndlr, l'élection présidentielle), il faut en finir avec la confiscation permanente des questions pénale et carcérale par des politiques qui jouent avec la peur de
nos concitoyens et imposent une surenchère dangereuse", conclut Gabriel Mouesca. (transmis par l'OIP)

 

 

La Cour des comptes rend un rapport très critique

La « gestion archaïque » des prisons...

Les prisons françaises, surpeuplées, sont aussi très mal gérées. C'est l'une des conclusions d'un rapport de la Cour des comptes publié hier

 

La France a consacré, en 2005, 1,65 milliard d'euros à ses prisons. Depuis dix ans, ce budget s'accroît. Mais le système de gestion demeure « archaïque », selon Philippe Seguin, président de la Cour des comptes. La Cour n'a pu obtenir aucune comparaison de coûts entre les prisons de gestion publique et les semi-privées. L'administration pénitentiaire affirme que la gestion mixte est moins coûteuse. La Cour arrive à la conclusion inverse.

Plus grave. Dans des prisons surpeuplées - plus de 60 000 détenus - les budgets ont été alloués en priorité à la sécurité. Portiques, filins, caméras, brouillage des téléphones portables... La mission essentielle, la réinsertion des détenus, reste le parent pauvre.

« Cantine » : des prix qui varient du simple au triple

Les prisons sont désormais incapables de fournir un travail (rémunéré à 3 € de l'heure !) à tous les détenus qui le demandent.

Autre point névralgique de la prison, la « cantine ». Elle permet aux détenus d'acheter, sur leur pécule, de quoi améliorer l'ordinaire. Mais les prix pratiqués sont très variables. Ils passent du simple au triple d'une prison à l'autre. Les conditions d'hygiène, elles, s'améliorent trop lentement. Des progrès sont notés dans le suivi médical mais le secteur psychiatrique est naufragé.

L'administration pénitentiaire suit, par ailleurs, 120 000 personnes en milieu ouvert, avec un manque criant de personnels et de moyens. Résultat : depuis 2001, les « alternatives » à la détention sont de moins en moins utilisées par les juges. Et les prisons s'engorgent.

(Journal Ouest-France du vendredi 20 janvier 2006)

 


Moyens en hausse, mais situation toujours aussi dégradée. C'est le constat dressé jeudi par la Cour des comptes dans un rapport consacré à la gestion des établissements pénitentiaires, au seul regard de la vie quotidienne des détenus et de la manière dont peut être exécutée leur peine même après le séjour en prison.
L'accroissement des crédits depuis quelques années "a bénéficié d'abord à la sécurité", a noté le président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, constatant que le "résultat a été une diminution du nombre d'incidents". Mais "cela n'a pas permis d'éviter une dégradation du climat au sein des zones de détention", a-t-il regretté.
Les rapporteurs, qui ont visité de nombreuses prisons au cours de l'année et demie d'enquête, ont constaté une "hétérogénéité" dans le traitement des prisonniers notamment en raison d'une "absence de règles", de la pratique de la cantine (les achats que les détenus peuvent faire en fonction de leurs moyens, NDLR) ou de l'état des prisons.
Selon M. Séguin, "l'hygiène est un domaine où l'on constate encore des défaillances graves" tout comme l'alimentation où "le respect des règles imposées à la restauration collective n'étant pas toujours assuré".
La Cour des comptes regrette également le peu de recours aux peines alternatives comme la bracelet électronique ou la semi-liberté, notamment en raison de "l'insuffisance des moyens mobilisés pour assurer la mise en oeuvre et le suivi des alternatives à l'incarcération".
Selon le rapport, le système pénitentiaire rassemble environ 180.000 personnes, dont 60.000 sont détenues. La loi assigne donc deux missions à l'administration pénitentiaire: la garde et la réinsertion. Le nombre de personnes incarcérées ne cessant de croître depuis 2001, "l'ampleur du défi auquel est confrontée l'administration ne saurait être sous-estimée", a souligné Philippe Séguin.
Les rapporteurs se montrent donc relativement indulgents avec certains dysfonctionnements. Ainsi, s'ils regrettent le peu de travail rémunéré fourni aux prisonniers, ils reconnaissent que le travail en prison doit rester "subventionné" comme le travail "de personnes handicapées".
Enfin, la Cour des comptes s'est livrée à la première comparaison entre le mode de gestion publique et le mode de gestion mixte qui permet de confier la gestion d'une prison à une entreprise privée, sauf pour les questions de sécurité.
La Cour dresse un bilan "globalement positif" de ces gestions mixtes lancées il y a une quinzaine d'années, mais déplore l'absence de comparaisons effectuées par l'administration pénitentiaire. L'Etat affirme ainsi que "la gestion mixte est moins coûteuse que la gestion publique". "La cour arrive pour sa part à des conclusions différentes", a insisté Philippe Séguin.
D'une manière générale, la Cour recommande au ministère de la Justice de procéder "à une analyse précise des besoins tenant compte des réalités locales et de se doter d'outils d'évaluation de son efficacité".
(transmis par l'OIP - 19.01.2006)

 

"Nombreuses défaillances" dans l'accès aux soins des détenus, selon la CNCDH 
   
  La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) s'est alarmée, dans une étude publiée lundi, des "nombreuses défaillances" dans l'accès aux soins des détenus et regrette notamment les nouvelles dispositions limitant les suspensions de peine pour
raison médicale.
   Plus de dix ans après la réforme de 1994, censée assurer aux personnes incarcérées des soins équivalents à ceux offerts à l'extérieur, "l'objectif est loin d'être atteint" et les blocages persistent, écrit cette commission indépendante dans son étude remise au Premier ministre.
   "Le système de soins pour les personnes détenues comporte encore de nombreuses défaillances", a estimé la commission, soulignant les conséquences "néfastes" de la surpopulation carcérale sur l'hygiène en prison.
   "L'entassement en cellule dans certaines maisons d'arrêt favorise la transmission de maladies contagieuses et le développement de troubles psychosomatiques (céphalées, psoriasis, diarrhées, troubles du sommeil...)", a-t-elle constaté.
   Alors que le code de procédure pénale prévoit trois douches hebdomadaires, la CNCDH a estimé qu'"au XXIe siècle", les détenus "doivent pouvoir se doucher quotidiennement".
   La Commission qui a appelé une nouvelle fois le gouvernement à "assurer l'encellulement individuel" des détenus, souligne que dans la majorité des prisons, ils doivent se contenter de douches collectives "avec les risques afférents, comme la propagation de la gale ou les problèmes dermatologiques".
   Elle regrette en particulier l'application trop limitée de la loi de 2002 sur les suspensions de peine pour raisons médicales qui a bénéficié à 165 personnes jusqu'au 31 décembre 2004 alors que seuls "les motifs de santé" doivent être pris en considération pour l'octroi de cette mesure permettant une libération.
   De "nouvelles restrictions" ayant été apportées à ce dispositif par la loi sur la récidive (appréciation du risque grave de renouvellement de l'infraction, expertise médicale tous les six mois en cas de condamnation criminelle), elle "recommande" au gouvernement le retour au texte initial.
   Elle juge globalement l'offre de soins "encore insuffisante", notamment en cas d'urgence et pour les consultations de spécialistes, le recrutement de ces derniers étant "devenu presque impossible, les statuts et les montants n'étant pas attractifs".
   Le dépistage du cancer du sein n'est ainsi "pas assuré dans tous les établissements" accueillant des femmes, note la CNCDH. Elle estime par ailleurs que "la prise en charge sanitaire et sociale des
détenus présentant une dépendance aux produits licites ou illicites (...) rencontre encore de nombreux obstacles" et regrette "le silence des pouvoirs publics sur les programmes d'échange de seringues".
   Elle appelle enfin le gouvernement à "lever les difficultés récurrentes" auxquelles se heurtent, pour des raisons de sécurité, les extractions médicales et critique "les multiples violations du secret médical" en milieu carcéral. (OIP - 23.01.2006)

 

24 janvier  - Alain Marécaux, l'un des acquittés dans l'affaire de pédophilie d'Outreau, a tenté de se suicider et a été brièvement hospitalisé à Calais (Pas-de-Calais), a-t-on appris au ministère de la Justice.

Selon la radio RTL, il a envoyé un "SMS" à son fils dans la nuit de lundi à mardi pour lui annoncer qu'il avait décidé de mettre fin à ses jours. Son fils a alerté les pompiers qui se sont rendus à son domicile à Calais.

Alain Marécaux avait absorbé des médicaments et se trouvait dans un état préoccupant mais n'était pas inconscient. Les pompiers l'ont conduit à l'hôpital, d'où il est sorti en début d'après-midi.

"Il y a des grands moments de déprime que l'on ne maîtrise pas. C'est quelque chose qui vous échappe et qui vous fait parfois commettre l'irréparable", a-t-il dit à un journaliste à sa sortie.

En marge d'une conférence de presse, le ministre Pascal Clément a fait part à des journalistes de sa "grande émotion et grande compassion".

Alain Marécaux avait témoigné de manière poignante la semaine dernière devant une commission d'enquête parlementaire. Accusé de viols sur mineurs et incarcéré durant 23 mois, il a dû vendre son étude, a été séparé de ses enfants durant trois ans, s'est séparé de son épouse, également écrouée puis innocentée.

Il a raconté à l'Assemblée comment il avait appris en prison début 2002 la mort de sa mère, traumatisée par son incarcération, et a rapporté qu'il avait assisté à son enterrement, "menottes aux poignets, entre deux gendarmes".

Il expliquait également que, malgré l'acquittement, il rencontrait de graves difficultés avec ses trois enfants dont il n'a plus la garde et qui ont connu d'importants problèmes dans leur scolarité.

Libéré de prison en 2003 après plusieurs tentatives de suicides et une grève de la faim, il avait déjà tenté de mettre fin à ses jours après le premier procès de Saint-Omer (Pas-de-Calais) en août 2004, où il avait été condamné à 18 mois de prison avec sursis.

Il a été acquitté au second procès en décembre dernier à Paris.

Il a repris un travail comme clerc d'huissier et une procédure d'indemnisation amiable est en cours au ministère de la Justice. Ses avocats attendent une somme de plusieurs millions d'euros, compte tenu de son préjudice économique.

"Même si nous sommes innocents et présents devant la commission d'enquête parlementaire, nous sommes tous affectés par ce que nous avons vécu et certains sont plus fragiles que d'autres", a déclaré à Reuters Roselyne Godard, également acquittée dans l'affaire.

"Je pense que sa vie est bouleversée, il l'a dit de façon très émouvante la semaine dernière, sa vie conjugale, sa vie familiale, c'est une vie détruite que celle de M. Marécaux", a dit aux journalistes le député PS André Vallini, président de la commission d'enquête parlementaire.

"Il a commis un geste désespéré qui a sûrement ses racines dans ce qu'il a vécu. J'espère qu'il va se remettre sur pied surtout psychologiquement et que sa vie familiale va se reconstruire peu à peu", a-t-il ajouté.

 

L'appel de Clairvaux, réponse désespérée à l'allongement des peines
       
La demande de rétablissement de la peine de mort par dix condamnés à la perpétuité de la centrale de Clairvaux est un rappel amer du désespoir des longues peines, enfermés sans perspective de sortie
alors que les condamnations et leur exécution ne cessent de s'allonger.
   "Assez d'hypocrisie! Dès lors qu'on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l'issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu", écrivent ces condamnés qui se qualifient
d'"emmurés vivants" dans leur appel.
   Entre 2001 et 2005, le nombre de condamnés à des peines de 20 à 30 ans est passé de 915 à 1.384.
    Les perpétuités prononcées ont en revanche légèrement diminué pour s'établir à 538 contre 591.
    Mais, selon une enquête de la chercheuse Annie Kensey, chargée d'étude à l'Administration pénitentiaire, portant sur la période 1995-2005, la durée moyenne d'incarcération pour les perpétuités a augmenté de trois ans depuis la fin des années 80.
    Au 1er octobre 2005, 1.399 détenus étaient incarcérés pour des peines de 20 à 30 ans et 519 à perpétuité.    "Les peines prononcées sont de plus en plus longues et il y a de moins de
moins de libération conditionnelle", souligne le président de l'Association nationale des juges d'application des peines (ANJAP), Michael Janas.  "Les dernières affaires comme le meurtre de Nelly Crémel ont rendu la décision de libération conditionnelle très difficile pour les magistrats", reconnaît-il.
   Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait déclenché une polémique l'été dernier en déclarant que le juge qui avait accordé une libération conditionnelle à l'un des deux meurtriers présumés de cette femme de 37 ans devait "payer pour sa faute".
   L'allongement des peines prononcées et de leur exécution est "une tendance observée depuis 15/20 ans et s'aggrave à chaque réforme", souligne Martine Herzog-Evans, spécialiste de l'application des peines.
   La loi récidive votée en décembre dernier a encore allongé la période pendant laquelle le condamné à perpétuité ne peut demander une libération conditionnelle.
   Ce "temps d'épreuve" a été porté de 15 à 18 ans et même à 22 ans si le condamné est récidiviste.
   Les "périodes de sûreté", c'est-à-dire la peine minimum à effectuer prononcée au moment de la condamnation, peuvent être portées par les cours d'assises à 22 ans en cas de perpétuité, voire 30 ans pour les crimes les plus graves sur mineurs, ou les 2/3 de la peine.
   "On a introduit en 1994 dans le code pénal, une peine +excluante+ de 30 ans qui n'existait pas. On s'imagine protéger la société mais au-delà de 15 ans, la peine n'a plus de sens. Réinsérer un condamné après 20 ans de détention, c'est quasiment impossible", souligne un ancien directeur de prison.
   Le problème des longues peines a récemment été illustré avec le procès de la tentative d'évasion de Moulins-Yzeure de trois détenus, dont un ancien membre d'Action Directe Régis Schleicher, condamné deux fois à perpétuité, incarcéré depuis 1984 et dont les demandes de libération conditionnelle ont
été rejetées.
   "Que reste-il comme échappatoire sinon l'évasion ou le suicide", avait plaidé Me Jacques Vergès, son avocat, devant le tribunal de Paris. (25.01.2006 - OIP)

 

L'OIP dénonce les propos de Pascal Clément sur l'appel des 10 de Clairvaux
  
   PARIS, 26 jan 2006 (AFP) - L'observatoire international des prisons (OIP) a jugé jeudi "irresponsables et extrêmement provocateurs" les propos du ministre de la Justice, Pascal Clément, qui avait notamment vu "une manipulation" derrière la lettre des dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube).
   Dans cette lettre, les dix appelaient au "rétablissement effectif de la peine de mort" pour eux-mêmes plutôt que "de se voir crever à petit feu". "Je pense à une manipulation d'un détenu qui leur a fait dire ça. Si on les prenait au mot, combien se présenteraient?", avait commenté le Garde des Sceaux.
   "Nous espérons que le mépris opposé à la souffrance des dix détenus ne sera  pas provocateur de nouvelles violences contre eux-mêmes ou contre le personnel surveillant", a déclaré à l'AFP le président de l'OIP, Gabriel Mouesca, pour qui les propos du Garde des Sceaux sont aussi "une forme de mise
en danger du personnel surveillant".
   Pascal Clément avait également affirmé que l'établissement de Clairvaux était "tout à fait aux standards des prisons à caractère les plus humanistes au niveau mondial".
   "Cela démontre bien qu'il ne connaît pas la réalité carcérale en France... Tout ceci tient de la provocation", a estimé M. Mouesca.
   Ajoutant que "la réalité des prisons francaises est à mille lieux de ce qu'il ose nous décrire aujourd'hui", il a demandé que Pascal Clément "ouvre à la presse" la prison de Clairvaux. (OIP 26.01.2006)

L'OIP défend les "sacrifiés des prisons"


Après l'appel de dix condamnés à la prison à vie demandant le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes, l'OIP revient sur l'inutilité de la perpétuité.

L 'appel de dix condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité demandant le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes n'a pas étonné l'Observatoire international des prisons. Les détenus purgeant de longues peines se voient comme "les sacrifiés des prisons" a déclaré mardi 24 janvier le président de l'OIP Gabriel Mouesca.
"Je ne suis pas étonné du tout. On sentait depuis quelques temps monter une franche irritation", a expliqué Gabriel Mouesca.
"Depuis deux ou trois ans, on pense aux courtes peines, particulièrement du côté du ministère de la Justice, avec la loi Perben II ou l'aménagement des peines inférieures à 5 ans. Les longues peines se sentaient les sacrifiés des prisons", a-t-il poursuivi.
Mardi, dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube), tous condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, ont écrit pour en appeler "au rétablissement effectif de la peine de mort" pour eux-mêmes.

"Crever à petit feu"

"Assez d'hypocrisie! Dès lors qu'on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l'issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d'aucun lendemain après bien plus de 20 années de misères absolues", ont-ils souligné.
"Ces dix détenus ont pris la parole. Mais au-delà de leur cas, des centaines d'autres pensent exactement la même chose", a commenté Gabriel Mouesca.
Le président de l'OIP a dénoncé "l'allongement de l'allongement des peines en France", lié aux "difficultés croissantes d'obtenir un liberté conditionnelle" pour les longues peines.
"Il faut que la France revisite l'échelle des peines, car nous sommes aujourd'hui l'un des pays les plus répressifs au monde. La perpétuité doit être abolie. Elle ne sert à rien. Elle n'est pas digne de notre niveau de civilisation", a-t-il affirmé. (NouvelObs.com 26.01.06)

 

Justice-prison : le rapport qui accable la France...
Alvaro Gil-Robles, commissaire européen aux droits de l'homme, va rendre public, ce mercredi, un rapport très sévère sur le fonctionnement des institutions policières et judiciaires françaises. Des commissariats aux prisons, aucun maillon de la chaîne n'est épargné.

Il a passé seize jours en France, en septembre dernier. Il a visité des prisons, des commissariats, des hôpitaux psychiatriques, des centres de rétention administratifs... Autant de lieux de « privation de liberté ». Il a vu aussi des tribunaux, rencontré des avocats. Alvaro Gil-Robles rendait visite à la patrie des droits de l'homme. Le commissaire européen est reparti choqué.

« Jour de honte »

Le rapport qu'il rend public, ce mercredi, confirmera les carences constatées à l'époque. Un inventaire à la Prévert pas piqué des hannetons. Le commissaire évoque le « sentiment d'impunité qui domine chez les policiers ». Il fustige « l'état lamentable » des cellules de garde à vue de certains commissariats, dénonce les « lenteurs de la justice » et « le manque de financement, visible à l'œil nu » des tribunaux.

Il note aussi « le besoin urgent à élargir le rôle de l'avocat durant la garde à vue ». Il s'indigne de voir le centre de rétention des étrangers, situé sous le Palais de justice de Paris, encore ouvert : « Sauf, peut-être, en Moldavie, je n'ai vu un centre pire que celui-là. C'est indigne de la France. »

Gil-Robles s'attarde sur les prisons. Il se dit « frappé par la surpopulation et le manque de moyens », s'inquiète du mélange entre prévenus et condamnés dans les maisons d'arrêt. Il critique « l'usage abusif et persistant » des menottes pour les détenus transportés à l'hôpital. De la prison de Fleury-Mérogis, il retient « les cellules insalubres, les sanitaires en mauvais état, le linge et les couvertures médiocres. » Aux Baumettes (Marseille) ou à la Santé (Paris), il note des situations « à la limite de la dignité humaine »...

Déjà, les réactions se multiplient. La Ligue des droits de l'homme écrit : « On ne connaît que trop de pays où les proclamations officielles des gouvernants sont cruellement démenties par la réalité subie par les populations. Que la France puisse entrer dans cette catégorie aux yeux de l'institution européenne, gardienne de la démocratie et des droits de l'homme, ne peut inspirer qu'un sentiment de honte. »

Même indignation de l'Observatoire international des prisons. Pour l'OIP, le rapport, « qui critique la chaîne pénale, du début à la fin, tombe à pic », alors qu'un grand débat est engagé après l'affaire d'Outreau. « Il impose qu'on ne laisse pas tomber les prisons » dans les réformes à venir du système judiciaire. De son côté, Bernard Bolze, qui a lancé, début 2006, la campagne « Trop c'est trop » sur la surpopulation carcérale (lire par ailleurs), s'inquiète des « informations graves » du rapport. Il invite « solennellement les responsables politiques, candidats à la succession du gouvernement actuel, à ne pas se réfugier dans le déni ».

Face aux critiques lourdes d'Alvaro Gil-Robles, le gouvernement français se défend. Les centres de rétention administrative de Paris-préfecture et Marseille-Arenc, visités par Alvaro Gil-Robles ? « Très vétustes, ils vont être fermés... » La situation délicate des demandeurs d'asile ? Depuis 2002, le nombre de places dans les centres d'accueil « a augmenté de 70 % » et le délai de traitement des demandes « est passé de 18 à 8 mois ». Le gouvernement rappelle aussi qu'à la suite de l'affaire d'Outreau, une réflexion est engagée sur « l'instruction collégiale » et « le renforcement des droits de la défense ».

« Moyens en augmentation »

Pour les prisons, le gouvernement rappelle « des moyens budgétaires significatifs, en forte augmentation. Des efforts importants sont mis en oeuvre pour rendre la vie carcérale plus sûre et plus digne. 13 200 places de détention nouvelles seront créées, dont les premières seront disponibles dès 2007. 3 740 emplois nouveaux seront créés dans les prisons françaises d'ici à 2 007. Pour le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, « un investissement immense est nécessaire pour transformer en profondeur la vie quotidienne de nos prisons ». Le rapport du commissaire européen contient 70 recommandations. Combien d'entre elles seront prises en compte ? (OF - 15.02.2006)

 

Une balle dans le courrier du juge Burgaud


Le juge d'instruction de l'affaire d'Outreau, Fabrice Burgaud, a reçu une balle par la poste à son bureau du palais de justice de Paris, a-t-on appris mercredi 15 février auprès de son avocat.
Le parquet de Paris a annoncé qu'il allait ouvrir une enquête préliminaire.
Confirmant une information de France-Info, Me Jean-Yves Dupeux a indiqué que la balle et le petit mot qui l'accompagnait, postés dans le Val-d'Oise, ont été confiés par le juge à la police scientifique pour rechercher d'éventuelles traces permettant une identification.
Dans courrier se trouvait une lettre contenant une "incitation au suicide", selon la même source.

Enquête ouverte

"Au moins une" autre enquête préliminaire a été ouverte sur des menaces également écrites envoyées au magistrat, a ajouté cette même source.
"Tout a été transmis au procureur, mais nous n'avons pas porté plainte", a ajouté l'avocat. Il laisse au procureur Jean-Claude Marin - son supérieur hiérarchique actuel - le soin d'apprécier les suites à donner à cette affaire.
Le juge, qui a été auditionné le 8 février par la commission d'enquête parlementaire sur Outreau, a quitté Paris mercredi pour partir en vacances.
Le magistrat, considéré comme l'un des premiers responsables du fiasco d'Outreau, était protégé par deux policiers pendant la semaine de son audition après avoir reçu des menaces.  (NouvelObs - 15.02.2006)

 

Jacques Lerouge, 65 ans a été tué jeudi soir à Charmes (Vosges) de plusieurs coups de couteau.

 Christine Boutin, député UMP des Yvelines et présidente du Forum des Républicains sociaux, a rendu hommage vendredi à Jacques Lerouge, un ancien détenu tué jeudi, qui pour elle "représentait un exemple de réinsertion réussie".
   "Jacques Lerouge, par son engagement personnel -jusqu'à y perdre sa vie- forçait le respect de toutes les personnes, associations et organismes qui travaillent sur les conditions carcérales et la réinsertion", a déclaré Mme Boutin dans un communiqué.
   M. Lerouge, 65 ans, condamné à mort pour un braquage et emprisonné pendant 17 ans, a été tué jeudi soir à Charmes (Vosges) de plusieurs coups de couteau. Il présidait une association de réinsertion de longues peines depuis sa sortie de prison en 1985.
   Mme Boutin est administratrice de cet organisme, l'APERI. (17 fév 2006) 

L'ex-ministre de la Justice lance un débat national sur la condition pénitentiaire.
Avec Badinter, la présidentielle n'échappera pas à la prison

«Un problème singulier, extraordinaire même.» C'est ainsi que Robert Badinter, ancien ministre de la Justice, voit la question des prisons en France. Et il suit leur histoire «depuis plus d'un demi-siècle». Rapport après rapport, colloque après colloque, travaux parlementaires, livres, scandales, émotion populaire, jusqu'aux récentes constatations du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui témoigne de «l'indignité carcérale»... Rien n'y a fait. «Nous ne voyons pas venir le vrai débat national sur ce que doit être la condition pénitentiaire au XXIe siècle, le débat ne dépasse pas les associations.» Mais l'ancien avocat y croit encore, heureusement : «Il le faut bien, continuons, continuons.»

Hier, à la demande de l'Observatoire international des prisons (OIP), Badinter a lancé les «états généraux de la condition pénitentiaire». Ce n'était pas n'importe où mais dans les beaux salons de la mairie de Paris, prêtés par Bertrand Delanoë. Robert Badinter y met tout son coeur et son ardeur : «Voilà une opération novatrice et formidable.» L'idée, c'est un questionnaire que l'OIP adressera à tous les intervenants de la prison, détenus et leurs familles, surveillants, travailleurs sociaux, avocats, magistrats... Pour déboucher, après dépouillement des réponses, sur des «cahiers de doléances» en août, des débats publics en septembre suivis, en octobre, de «l'interpellation des candidats à la présidentielle».

«Le calendrier est excellent»

Ce ne sera pas facile, reconnaît Badinter : «Cependant ni les députés, ni les ministres de la justice ne sont hostiles à des réformes, mais nous n'avançons pas car nous sommes dans une démocratie d'opinion, il faut donc que les demandes d'améliorations viennent de l'opinion.» Logique. Politiquement, le sénateur socialiste pense que «le calendrier est excellent». Puisque à l'automne seront désignés les candidats à l'élection présidentielle : «On peut espérer que la condition pénitentiaire deviendra un élément essentiel de la campagne.» Pas facile, en effet. Est-ce qu'on se souvient d'un seul candidat à l'élection suprême qui s'est attaché dans son programme de campagne à se soucier du sort des prisonniers ?

Hier, il y avait plein de représentants d'associations et d'organisations. Chacun dans sa spécialité, soutient l'OIP. Chacun à sa manière. «Il va falloir dépasser ce bal des faux-culs, avec ces parlementaires de la commission Outreau qui roulent des yeux d'enfants stupéfaits : "Comment ? On est plusieurs en cellule quand on est détenu provisoire ?" "Quoi ? On est fouillé à corps en garde à vue ?", s'agace Dominique Barella, président de l'Union syndicale des magistrats. Et cela vient de ceux qui votent les lois et ont soigneusement détricoté celle qui restreignait la détention provisoire et augmentait les droits de la défense !» Sa collègue Aïda Chouk, du Syndicat de la magistrature, en appelle aux magistrats «pourvoyeurs de la prison», dont elle pense qu'«ils changeront si la société civile se mobilise».

Au nom des grandes organisations (Syndicat des avocats de France, Fédération nationale des unions de jeunes avocats, conseil national des barreaux), les avocats promettent d'être des «relais» du questionnaire lorsqu'ils visiteront leurs clients en prison. «Mais attention !, prévient Céline Curt, du SAF, que le bal des faux-culs ne se transforme pas en bal des déçus ! L'ambiance est très inquiétante, on voit même, dès qu'on parle de prisons, revenir la notion péjorative de "droits-de-l'hommistes" !»

Des syndicats pénitentiaires sont là aussi. Pas tous, mais quand même : «La société doit se poser la question : "Que fait-on de la prison ?" Avec un ratio d'un travailleur social pour cent détenus, la mission de réinsertion n'est pas assurée !, lance Cédric Fourcade pour la CGT Pénitentiaire. On nous dit qu'il faut embastiller, mais dans quel état sortent les gens ?» Du côté du Snepap-FSU, Michel Flauder espère «qu'à travers la démarche de l'OIP, on parvienne à recréer du courage politique».

Au bout de la chaîne, après la sortie de prison, sont les centres d'hébergement et de réinsertion. Emmaüs et son président Martin Hirsch, présent aussi : «Entre Emmaüs et la prison, c'est une vieille histoire, beaucoup de nos compagnons ont un parcours carcéral.» Et Nicole Maestracci, qui cumule le double avantage d'être présidente du tribunal de Melun et présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) : «Les gens changent lorsqu'on s'occupe d'eux. On peut poursuivre l'objectif de sécurité, éviter la récidive grâce à des prises en charge par les travailleurs sociaux, et pas seulement avec des policiers et des juges. Il faut multiplier les mesures alternatives à la prison, mais la France est très en retard...» Eternel pessimiste, Henri Leclerc, président honoraire de la Ligue des droits de l'homme, se méfie ­ il se souvient de «la loi pénitentiaire abandonnée en rase campagne électorale en 2002, après de remarquables rapports et travaux» ­ et s'emballe, y croyant malgré tout : «Si on pouvait transformer ces états généraux en véritable campagne d'opinion, avec ces réunions partout... Peut-être réussirons-nous ? Ce serait formidable !»

Respecté prédécesseur

Rien ne pourra se faire sans le concours de l'administration pénitentiaire et du ministère de la Justice, ne serait-ce que pour faire entrer et sortir, sans souci, les questionnaires dans les prisons. Cela, Badinter l'a martelé et l'OIP en convient : «Nous allons prendre rendez-vous avec le ministère de la Justice, nous ne pouvons imaginer qu'il nous renvoie dans les cordes», assure Patrick Marest, son porte-parole.

«Dès que nous serons officiellement saisis de cette demande, nous l'examinerons avec attention», répondait-on, hier, au ministère. Pascal Clément, le garde des Sceaux, pourra toujours prendre conseil auprès de Badinter, son respecté prédécesseur, qui proclame : «C'est une entreprise extrêmement importante, il faudra écouter, proposer et convaincre !»   

(Libération - mercredi 8 mars 2006)

 Réforme de l'isolement des détenus, contestée par l'OIP
  
Le ministre de la Justice Pascal Clément a signé deux décrets réformant l'isolement des détenus, publiés jeudi au Journal officiel, afin de mettre en conformité "les procédures françaises avec les préconisations du Conseil de l'Europe", selon un communiqué.
   L'Observatoire international des prisons (OIP), une association qui défend les droits des détenus, a aussitôt annoncé qu'elle allait saisir le Conseil d'État d'un recours en annulation contre l'un des deux textes, y voyant "une régression très nette des droits et garanties des détenus et une facilitation du recours à l'isolement".
   La Chancellerie estime au contraire que "cette réforme d'ampleur consacre le principe d'une procédure contradictoire et va permettre d'assurer une meilleure garantie des droits et une plus grande sécurité juridique pour les détenus", ces derniers pouvant se faire assister ou représenter par un avocat et prendre connaissance préalablement de leur dossier.
   "La réforme encadre strictement la durée du placement à l'isolement dans le respect d'une durée raisonnable", fait également valoir la Chancellerie.
    Elle ne fixe toutefois toujours pas de durée maximum à cette mesure qui prive le détenu des promenades et des activités collectives, critique l'OIP, "ce qui va à l'encontre des recommandations du rapport d'Alvaro Gil-Robles".
   Dans son rapport de février sur les droits de l'Homme en France, le commissaire européen jugeait "particulièrement inquiétant de constater que l'isolement n'est pas limité dans le temps, en dépit des effets souvent délétères de cette mesure sur l'état psychologique des personnes qui y sont
soumises".
    500 détenus environ sont actuellement placés à l'isolement, dont 150 à leur demande, selon la Chancellerie.
    Parmi les dispositions critiquées par l'OIP figure notamment celle qui prévoit que l'isolement "ne peut être prolongé au-delà de deux ans sauf, à titre exceptionnel" si cette mesure "constitue l'unique moyen d'assurer la sécurité des personnes ou de l'établissement".
   Cette prolongation, qui relève du ministre de la Justice, était auparavant considérée comme exceptionnelle au-delà d'un an, selon l'association. (OIP - 23 mars)

 

Bracelets électroniques testés à Rennes et à Lille

Quarante bracelets électroniques mobiles devraient être testés, à partir de juin, dans les administrations pénitentiaires régionales de Rennes et de Lille. Ce test découle d'une disposition controversée de la loi antirécidive de décembre 2005. L'expérimentation concerne les personnes en libération conditionnelle condamnées à une peine d'au moins sept ans d'emprisonnement. Lesquelles devront donner leur consentement. Le dispositif devrait être élargi en janvier 2007 avec 150 bracelets sur d'autres sites qui n'ont pas été encore arrêtés. Le décret permettant l'expérimentation a été publié au Journal Officiel du 31 mars 2006. (Ouest-France - 7.04.2006)

Hausse du nombre de détenus en France

Selon l'administration pénitentiaire, il y avait 59 456 personnes détenues dans les prisons au 1er avril 2006. Une augmentation de 0.5 % en un mois. Alors qu'il n'y a que 50 395 places en prison, soit une densité carcérale de 118 %. 19383 personnes étaient en détention provisoire. (OF 11.04.2006)

 

La durée de la détention provisoire s'allonge

Selon les dernières statistiques, datant de l'année 2003, les personnes écrouées dans le cadre d'une instruction ou en attente de jugement passent, en moyenne, 7,1 mois en prison, contre 6,4 mois en 2002. (OF 18.03.2006)

 

Outreau : le garde des Sceaux en séance finale

 La première séance s'était déroulée le 10 janvier. Hier, c'est le garde des Sceaux qui a mis un terme aux débats. Pendant plus de 200 heures, trente députés ont auditionné des dizaines de personnes concernées par l'effroyable fiasco judiciaire de l'affaire de pédophilie d'Outreau.

Personne n'a oublié la force des récits des treize acquittés, retransmis par les télévisions, ni les explications du juge d'instruction, le très controversé Fabrice Burgaud.

« Sans précédent »

« La commission restera un grand moment dans l'histoire parlementaire », salue son président, le socialiste André Vallini. « Les Français se sont approprié leur justice, c'est sans précédent », se réjouit le rapporteur, Philippe Houillon (UMP). Ce dernier et certains de ses collègues ont aussi été critiqués par les magistrats qui ont reproché aux politiques de s'ingérer dans les affaires de justice, de transformer la commission en « tribunal parlementaire ».

Les députés doivent maintenant rédiger leur rapport qui sera remis le 7 juin et rendu public le 13 juin. Ils proposeront des pistes pour réformer la garde à vue, la détention provisoire, le recueil de la parole des enfants, la responsabilité des magistrats, etc.

Depuis le mois de janvier, de leur côté, les avocats, les magistrats, les associations, les politiques alimentent le débat.

Rôle renforcé pour les citoyens

Hier, le dernier auditionné de la commission était le garde des Sceaux. Pascal Clément a tracé des pistes. Il constate « qu'en matière de détention provisoire ou de respect de la présomption d'innocence, nous avons de considérables progrès à faire. » Les mesures qu'il préconise visent notamment à renforcer le rôle des citoyens, à favoriser leur intervention.

Les professionnels ont aussitôt réagi. Au nom des avocats, le Conseil national des barreaux estime que ces déclarations constituent « un feu vert pour aller plus loin. » L'USM (Union syndicale des magistrats) accueille aussi favorablement ces propositions, mais s'interroge : « Combien Pascal Clément va-t-il demander au ministre des Finances ? Il faudra que ces mesures soient chiffrées budgétairement de manière sérieuse pour qu'elles ne restent pas virtuelles. »

Pour le Syndicat de la magistrature (de gauche), le ministre « n'a manifestement pas su s'emparer de la richesse des débats. Ses «mesurettes» nous déçoivent, faute de réflexion de fond. »

Pascal Clément appelle au plus large consensus. Il se déclare prêt à déposer un projet de loi après la publication du rapport de la commission : « Présentons au Parlement ce qui nous est commun. » André Vallini, lui, s'était récemment interrogé : faut-il engager la discussion sur une réforme avant ou après l'élection présidentielle ?   (OF 13.04.2006)

 

Délinquants sexuels : Sarkozy veut durcir la loi

Il a annoncé hier que la délinquance sexuelle devait être une priorité absolue. Il veut durcir considérablement les règles de l'amnistie concernant les délinquants sexuels, souhaite que toute condamnation soit assortie d'un dossier médical comprenant des obligations de soins. Il propose enfin que soient créés des hôpitaux-détention pour fournir des soins plus appropriés à ces délinquants particuliers. (OF 17.05.2006)

 

Les visites des parloirs

40% des personnes détenues ont au moins un visiteur hebdomadaire, 1 sur 5 ne reçoit pas de visites de sa famille proche, selon une étude récente de l'Insee. Les conjoints ne représentent que 12% des visites en prison, les parents, les frères et sœurs, 66%. Avec la progéniture, les relations sont encore plus distendues : la moitié des détenus ayant des enfants les voient au plus une fois par an. (L'express 8.06.2006)

 

Bientôt quatre nouvelles unités de visite (UVF)

Depuis 2005, les UVF sont expérimentées à Rennes, et dans les centrales des hommes de Poissy (Yvelines) et Saint-Martin de Ré (Charentes Maritimes). D'autres UVF ouvriront en septembre dans les centres pénitentiaires de Meaux-Chauconin (Seine et Marne), puis à Liancourt (Oise), Avignon Le Pontet et Toulon-La Farlède. (O. F. 3.07.2006)

 

La puce anti pédophile en Grande Bretagne

 le 17/7/2006 

Le débat sur les puces électroniques implantées sur des êtres humains revient au devant de la scène. En Grande Bretagne, à l'initiative d'une association de défense des victimes, le ministère de l'Intérieur britannique prévoirait de poser des puces sur les personnes jugées pour actes de pédophilie afin de suivre leurs déplacements.

La nouvelle a fait la une des quotidiens britanniques pendant toute la durée du week end. Le ministère de l'Intérieur de la Grande Bretagne serait en passe de proposer un plan de suivi des criminels pédophiles. Il s'agirait de greffer sur ces individus des puces qui devraient permettre de les suivre et donc de prévenir leurs agissements.

Eloigner le danger

Les individus seraient repérables en instantané grâce à ces puces et un suivi par satellite. Ces puces seraient également capable de suivre le taux de pression sanguine et le rythme cardiaque des individus, ce qui donne de bonne indications sur l'excitation potentielle de la personne. Les autorités pourraient également délimiter des zones qui seraient interdites à ces personnes (jardins publics, écoles,...).

Tracker et Compaq

Ken Jones, un des responsables du projet défend l'idée selon laquelle il faut protéger les enfants par ce moyen technologique jusqu'à présent très controversé. "Si nous sommes préparé à suivre les voitures, pourquoi ne suivrions nous pas les individus ? Il serait possible d'implanter des puces chirurgicales chez les agresseurs sexuels les plus dangereux que nous voulons contrôler" explique t il. De fait, Tracker, l'entreprise qui produit les systèmes antivols de voiture basés sur le même mode de fonctionnement aurait déjà été contactée, et Compaq Software Solutions pourrait fournir le logiciel qui permettrait de faire fonctionner l'ensemble du réseau. Compaq Software Solutions a déjà vendu à la NASA un logiciel pour suivre les astronautes, basé sur le même principe.

Voitures volées


Les réactions à ce projet sont très vives en Grande Bretagne, suite aux révélations faites par le quotidien l'Observer, ce week end. Le système mis en place pourrait permettre de suivre et de repérer les individus condamnés pour actes de pédophilie par satellite, tout comme c'est le cas dans des affaires de vol de véhicule. Un système existe en effet déjà pour retrouver les voitures de luxe volées.

Pas de risque


Le site The Times Online reporte les propos du docteur William Harwin, du département de cybernétique de l'université de Reading. "des puces de repérage similaires sont déjà utilisées de manière intensives sur les animaux domestiques et le bétail ". Il n'y aurait donc pas de risque physique (comme un rejet par exemple) pour le porteur de ce type de puce.

Débat public

Pour les associations de défense des droits, cette affaire est un véritable scandale. "Implanter des objets de suivi donne une vision effrayante du futur. Nous savons déjà que les règles qui protègent la vie privée sont inadéquates. Ou cela s'arrêtera t il ?" demande John Wadham, le directeur de l'association de défense des droit Liberty. "Cela pourrait être utilisé en premier lieu contre les pervers sexuels, mais on trouvera bientôt que d'autres groupes marginaux, comme les demandeurs d'asile, devraient être équipés de ce type d'implants".

A l'initiative de ce projet, on trouve une association de défense des victimes de pédophiles, Phoenix Survivors.

Si un tel système est mis en place en Grande Bretagne, une nouvelle loi devra être votée par le parlement, ce qui augure d'un débat public conséquent.

 

Population sous écrou. Au 1er août 2006, l’effectif de la population sous écrou  est de  58 492 (métropole et outre-mer). Soit  92,7 personnes écrouées  pour  100 000 habitants (1).

  Le nombre de personnes écrouées était de 59 268  il y a un an  (- 1,3 %).

En excluant les 1 378 condamnés placés sous surveillance électronique et les 308 condamnés placés à l’extérieur sans hébergement, on obtient une densité carcérale de   56 806 détenus  pour  50 354 places opérationnelles, soit 113 détenus pour 100 places.

  Cette densité est de 123 pour 100 pour les maisons d’arrêt (MA) et quartiers MA, 71 pour les centres pour peines aménagées (CPA) et quartiers CPA, 79 dans les centres de semi-liberté (CSL) autonomes, 88 dans les maisons centrales (MC) et quartiers MC et 97 dans les centres de détention (CD) et quartiers CD.

  Les condamnés « placés » représentent aujourd’hui  2,9 % des personnes écrouées. Cette proportion était de  2,1 %, il y  a un an.  

  6 établissements ou quartiers ont une densité égale ou supérieure à  200 p. 100,   30 ont une densité comprise entre 150 et 200,  84 entre 100 et 150.  108 ont une densité inférieure à 100.

  Le nombre de prévenus est de  17 071 soit une proportion de  29,2 % des personnes écrouées.  Ce nombre était de 19 951 au 1/8/2005, 20 805 au  1/8/2004,  21 028 au 1/8/2003, 18 121 au 1/8/22.  

  Le nombre de détenus de « 18 ans ou moins » est  de 608 (contre 697 il y a un an).

 * Source : DAP, Statistique mensuelle de la population écrouée et détenue en France, Situation  au 1er août 2006.

 

Premier test du bracelet électronique mobile

Destiné à des personnes potentiellement dangereuses, en libération conditionnelle, il est testé dans la région lilloise et dans le Grand Ouest.

La pose du premier bracelet a eu lieu au centre de semi-liberté d'Haubourdin (Nord), sur un détenu de 43 ans condamné pour viol à quatre ans pour agressions sexuelles, qui gardera ce bracelet pendant un an. (OF 2.08.2006)

 

L'Italie libère pour vider les prisons

L'Italie compte 62000 détenus, mais la capacité théorique de ses prisons n'est que de 43000 places. Afin de lutter contre la surpopulation carcérale, le Parlement italien a adopté une remise générale des peines. La loi, réduisant les peines de trois ans pour les délits commis avant mai 2006, sera appliquée pendant deux ans. Elle exclut les auteurs de violences sexuelles, ainsi que tout les actes liés au terrorisme et à la mafia. La mesure pourrait profiter à 20000 prisonniers, selon les estimations. (OF 5.08.2006)

 

Population carcérale au 1er septembre 2006

Au 1er septembre 2006, 55 754 personnes étaient incarcérées en France soit une baisse de 1,9 % par rapport au mois précédent (56 806 détenus). On comptait 56 595 détenus au 1er septembre 2005 et 56 271 au 1er septembre 2004.

La diminution du nombre de personnes détenues au cours de l’été est traditionnelle, elle s’explique notamment par l’effet du décret de grâces entré en vigueur le 18 juillet.

Le nombre de personnes condamnées est de 38 267 et celui des prévenus de 17 487.

On dénombre 629 mineurs détenus contre 608 le mois précédent (+ 3,5%), une légère augmentation qui succède à la forte baisse enregistrée au 1er août (- 14,5 %). Ils étaient 646 au 1er septembre 2005.

Le nombre de personnes écrouées et non hébergées est de 1 481. Parmi elles, 1 185 bénéficient d’un placement sous bracelet électronique et 296 d’une mesure de placement à l’extérieur (80 % des personnes écrouées non hébergées sont sous surveillance électronique).

Pour mémoire, le premier bracelet électronique mobile a été installé le 28 juillet 2006 sur un détenu placé en libération conditionnelle à Haubourdin (Nord). 

(statistiques de l'administration pénitentiaire au 7 septembre 2006)

« Mieux vaut le savoir »

  * 1er sondage : enquête de l’Institut CSA, publiée dans Le Parisien du 23 septembre 2006, réalisée le 22 septembre auprès d’un échantillon national représentatif de 802 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).  65 % des personnes interrogées pensent que « la Justice en France n’est pas assez sévère » (la proportions est de 56 % chez les personnes classées à gauche), 24 % « sévère comme il faut », 4 % « Trop sévère ».

 * 2ème sondage : enquête IFOP publiée dans Le Figaro du 23 septembre 2006, réalisée les 21 et 22 septembre auprès d’un échantillon national représentatif de 816 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).  88 % des personnes interrogées sont d’accord avec l’affirmation suivante « Les délinquants multirécidivistes devraient se voir infliger à chaque nouvelle infraction une peine plancher automatique » ; 77 % sont d’accord avec l’affirmation « La justice n’est pas assez sévère avec les jeunes délinquants ». 74 % d’accord avec « Il faut donner plus de pouvoir à la police pour lutter contre la délinquance des jeunes dans les cités » ; 60 % d’accord avec « Il faut que la justice puisse traiter les mineurs délinquants comme les délinquants majeurs ».

 * 3ème sondage : enquête TNS-SOFRES, réalisée les 13 et 14 septembre d’un échantillon national représentatif de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).  52 % sont opposés au rétablissement de la peine de mort en France  (42 % sont pour le rétablissement et 6 % sans opinion. Les opposants à la peine de mort  étaient 54 % en 2002. 48 % en 1999, 36 % en 1994, 33 % en 1991 comme en 1981).

La proportion d’opposants varie selon la préférence partisane de la façon suivante : Écologistes : 74 %, Parti socialiste : 67 %, PCF  : 66 %, UDF : 66 %, sans préférence partisane : 43 %, UMP : 34 %, FN-MNR : 7 %  (www.tns-sofres.com). [1.10.2006]  

Prisons : ce que demandent les détenus

 

Pour la première fois, la parole est donnée à ceux qui ne l'ont jamais : les détenus. 15 500 prisonniers ont répondu à un questionnaire. Édifiant.

 

Le questionnaire a été distribué en juin 2006 dans les prisons, par les représentants du Médiateur de la République. C'est un succès, estime l'Institut de sondage BVA qui vient d'en analyser les résultats. Habituellement, dans les consultations organisées auprès d'un large public, le taux des retours oscille entre 5 et 10 %. Là, 25 % de réponses. Un quart des détenus ont pris la parole. Certains l'ont fait « au nom de leurs camarades de cellule qui ne savent pas écrire ». D'autres se sont limités à un pathétique « aidez-moi ! ».

 

Le regard. Ce qui frappe dans les réponses, c'est l'absence de cris de haine ou de révolte. Au contraire, les détenus lancent à l'opinion un appel à la compréhension. Ils attendent avant tout, d'une réforme des prisons, que le regard de la société porté sur eux change.

 Les conditions de vie. C'est la première de leur revendication. 82 % d'insatisfaits. Ils ne réclament pas le confort, mais des conditions de détention qui assurent un minimum de dignité. Tous ou presque (9 sur 10) demandent la mise en place d'installations sanitaires, douches et toilettes, « préservant l'intimité de la personne ». Une majorité d'entre eux souhaiteraient disposer d'une cellule individuelle.

 Travailler, être payé. Ils veulent pouvoir travailler en prison et être honnêtement rémunérés. Le Code du travail n'est pas respecté derrière les murs. Ils souhaitent qu'à chaque détenu qui en fait la demande soit proposé « un parcours de qualification professionnelle, soit par accès à une formation, à une activité d'insertion ou à un emploi. »

Les liens familiaux. Trois détenus sur quatre demandent à être affectés dans un lieu de détention proche de leur domicile et de leur famille. La fréquence et la durée des parloirs devraient être augmentées. Ils veulent rencontrer leurs proches « dans des conditions qui respectent le droit à l'intimité ». En cas de « circonstances familiales graves », le droit de sortie devrait être systématique.

 Préparer la sortie. La très grande majorité des détenus aspire à se réinsérer dans la société. Mais les prisons manquent de travailleurs sociaux capables de les aider. Ils souhaitent des aménagements de peines et des permissions de sortie pour rechercher un travail, un logement. Interrogés, les magistrats et les travailleurs sociaux proposent de doter « tous les lieux de détention d'une plate-forme d'accès aux services sociaux ».

 Les soins médicaux. 60 % d'insatisfaits. On est loin de pouvoir consulter un médecin à tout moment en prison. Point noir : l'accès aux soins psychiatriques. De façon très nette, les prisonniers demandent le « transfert en milieu hospitalier spécialisé, des détenus souffrant de graves troubles psychiatriques ». Un souhait largement partagé par les travailleurs sociaux, les avocats et les magistrats consultés.

 Le silence des surveillants. Le personnel pouvait aussi prendre la parole, via un questionnaire sur Internet. Il a préféré garder le silence. Un seul centre de détention s'est réellement impliqué : celui de Rennes. Le directeur l'y a encouragé. Il avait mis à disposition un ordinateur pendant le service de nuit.

Des états généraux de la prison. Le dépouillement du questionnaire va servir de base aux états généraux de la condition pénitentiaire, le 14 novembre prochain. Objectif : interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur ce monde carcéral qualifié par les parlementaires eux-mêmes de « honte de la République. » 

Bernard LE SOLLEU.  (OF samedi 21 octobre 2006)  

 

Une réforme de la justice allégée

Elle est présentée ce 24 octobre en Conseil des ministres. Dominique de Villepin et son garde des Sceaux cafouillent sur la question de la sanction des juges.

Elle avait été promise par Jacques Chirac, en réponse à l'émotion causée par les treize acquittés d'Outreau. La réforme de la justice arrive aujourd'hui, tant bien que mal, sur la table du Conseil des ministres.

L'idée de départ, c'était d'essayer d'éviter que des innocents ne croupissent des années en prison en attendant leur jugement... Et d'empêcher des juges d'instruction novices et isolés, comme celui d'Outreau, de s'enfermer dans leur aveuglement. Le tout en préservant l'indépendance des magistrats. Compliqué. D'autant que le gouvernement voulait agir rapidement. En roulant trop vite, il a perdu des pièces en route. Il en reste quand même d'importantes dans le projet, tel le filmage des interrogatoires...

Ce qui reste dans le projet

Interrogatoires enregistrés. À partir du 1er janvier 2008, dans les affaires criminelles, les interrogatoires des personnes gardées à vue dans les commissariats seront filmés. Les auditions effectuées par le juge d'instruction seront également enregistrées. Le tout, pour mieux protéger les prévenus.

Détention provisoire. Le prisonnier en attente de jugement acquiert un nouveau droit. Six mois après son placement en détention, la chambre d'instruction statuera en audience publique sur la procédure. Cela pourra éviter que la détention ne s'éternise.

Droits de la défense. Ils sont accrus. Les prévenus pourront contester leur mise en examen tous les six mois, ainsi qu'après chaque notification d'expertise et d'interrogatoire.

Pôles de l'instruction. Il y en aura au moins un par département, dès septembre 2007. Les juges d'instruction y travailleront sur les affaires criminelles. Ce qui leur évitera de se retrouver seuls, face à un dossier tordu.

Médiateur de la République. Il pourra être saisi par ceux qui s'estiment lésés par les dysfonctionnements de la justice.

Ce qui cafouille

Conseil supérieur de la Magistrature. La réforme du CSM est passée à la trappe, faute de consensus. Cette instance nomme les juges. Elle sert aussi d'unique conseil de discipline. Elle est composée de 16 membres, dont 12 magistrats. Le gouvernement voulait que les non-juges y deviennent majoritaires. Mais les syndicats de magistrats, soucieux de l'indépendance de la profession, y sont très hostiles.

La sanction des juges. La réforme prévoyait une nouvelle sanction envers les juges ayant « délibérément violé les principes directeurs de la procédure pénale et civile ». Ce qui permettait de sanctionner les instructions bâclées ou trop partiales. Là encore, il n'y a pas eu de consensus. Y compris entre le garde des Sceaux et Dominique de Villepin. Pascal Clément avait d'abord rassuré les syndicats en expliquant que cette partie de la réforme prendrait du temps. Dimanche soir, le Premier ministre s'est plaint que le garde des Sceaux ne lui ait pas demandé son avis. Pascal Clément a laissé entendre que ce volet pourrait réapparaître lors de l'examen du projet de loi par les parlementaires... Ce que ne vont pas manquer de faire les députés de la majorité. C'est du moins ce qu'a affirmé, hier soir, Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP. De son côté, Julien Dray (PS) a plutôt souhaité qu'une « vraie réforme » se fasse, dans le « calme », après l'élection présidentielle. (OF 24.10.2006)

 

L'ex-juge d'instruction d'Outreau Fabrice Burgaud 

a été entendu, à huis clos pendant huit heures, par le Conseil supérieur de la magistrature, le 23 octobre, à Paris. À la sortie de cette première audition, effectuée par un juge de Pau et un conseiller d'État honoraire, « il a été très soulagé, parce que c'est la première fois qu'il a l'occasion de s'exprimer dans des conditions où il est écouté », a déclaré Me Dupeux, l'un de ses avocats.  

La chancellerie retient quatre griefs à l'encontre du jeune juge. Il aurait accordé un « crédit trop important aux déclarations des enfants ». Il n'aurait pas organisé de confrontations entre ces enfants et les accusés. Il n'aurait pas, non plus, pris en compte certains éléments à décharge, et enfin, il n'aurait pas toujours respecté les droits de la défense. Ce que les avocats du juge comptent réfuter, point par point.

Cette poursuite disciplinaire à l'encontre du juge peut déboucher sur des sanctions, allant jusqu'à la mise à la retraite d'office. Les syndicats de magistrats se sont tous opposés à la démarche du garde des Sceaux, en estimant qu'il cherchait à faire de Fabrice Burgaud, le « bouc émissaire » de l'affaire. Et son audition intervient au moment même où Pascal Clément vient de reculer sur son projet de nouvelle faute disciplinaire à l'encontre des juges qui auraient « violé les principes directeurs de la procédure pénale ». Un projet inspiré par l'affaire d'Outreau et donc retiré. (OF 23-24.10.2006)

 

Surpeuplées, dégradées, parfois indignes. Les États généraux de la condition pénitentiaire secouent les prisons de la République.

La justice y entasse 57 612 détenus. Et les rapports s'empilent. Hier, en 2002, les parlementaires de droite et de gauche dénonçaient les maisons d'arrêt françaises qualifiées, sans nuance, de « honte de la République ». Lettre morte. Peine perdue. Aujourd'hui, les États généraux de la condition pénitentiaire en remettent une couche à la Maison de la Radio, à Paris. Et ouvrent les « cahiers de doléances » alimentés par les 15 000 détenus, surveillants et intervenants qui ont répondu à un questionnaire distribué, l'été dernier, derrière les murs.

Encore un rapport mort-né ? Une tentative généreuse et inutile de plus pour interpeller l'opinion ? Si c'est le cas ou pas, il y aura du beau monde, aujourd'hui, à Paris. Robert Badinter, le ministre qui guillotina la guillotine, Guy Canivet, Premier président de la Cour de cassation, Joël Thoraval, un ancien préfet devenu président de la Commission nationale des droits de l'homme.

Quatre chantiers

Que veulent-ils impulser ? Quatre chantiers. Le respect des droits de l'homme en prison. L'utilisation d'un temps carcéral utile. Le droit à la santé derrière les barreaux. La préparation à la sortie. Car c'est là, sur ces quatre points, où le bât blesse.

Le trop plein. Avec 10 000 détenus en trop par rapport aux places théoriques, des cellules de 9 m2 occupées par quatre hommes, des taux d'occupation qui frisent parfois les 200 %, la surpopulation affecte la mission de réinsertion de la prison républicaine. Et plombe le travail des personnels de surveillance. Et décourage les intervenants extérieurs. Quelle est la première maladie qui affecte tout détenu ? La constipation. Pourquoi ? La pudeur. Dans une maison d'arrêt, en France de 2006, on défèque devant trois compagnons d'infortune.

Le temps vide. Qu'est-ce qu'une journée dans une maison d'arrêt où sont incarcérés les courtes peines ou les détenus en attente d'un jugement ? Vingt-deux heures de cellule, une heure de promenade, une heure de sport en salle de musculation pour les mieux lotis. On ne travaille que dans les centres de détention, pour des rémunérations infimes. « L'oisiveté amène les détenus vers la consommation de produits médicamenteux, stupéfiants, suicides, automutilations, racket », a écrit un surveillant dans le questionnaire de juin.

Le droit à la santé. Il ne fait pas bon avoir une rage de dents. Ou un cancer de la gorge, quand on est prisonnier. Mais le vrai point noir, c'est la psychiatrie. La prison française s'est transformée, au fil des ans, en un immense et impuissant réceptacle des maladies mentales. Non pris en charge par l'institution hospitalière, marginalisés, violents et en danger à la fois, les malades échouent derrière les barreaux. Faute de savoir soigner, la société enferme. La société, c'est nous.

Dehors. La prison a deux missions : enfermer et réinsérer. Elle réussit très bien la première. Elle échoue la plupart du temps (il y a de très belles réussites) pour ramener les détenus vers l'extérieur. Entrer en prison, c'est trop souvent apprendre à y retourner, a dit un candidat à l'élection présidentielle. Dans les cahiers de doléances 2006, un prisonnier, détenu depuis 17 mois, a écrit : « À votre sortie, on ne vous souhaite pas bonne chance. On vous dit à bientôt. » Tragique.

François SIMON (OF 14.11.2006)

 

Prisons et droits de l'homme

(par  François Régis Hutin  - Ouest-france - 13.01.2007)

Après l'épouvantable drame qui s'est produit à la prison de Rouen où un détenu, ayant tué l'un de ses compagnons de cellule, avait commencé à le dévorer, l'attention est de nouveau tournée vers les prisons.

Tout démontre que les alertes, interrogations, reportages, études effectuées par des élus de la nation - députés ou sénateurs - et mises en garde de toutes sortes sont pratiquement restées inopérantes.

À la vétusté, la saleté, la promiscuité, s'ajoute, de plus en plus, l'insécurité. On enferme des coupables avec des innocents, des gens sains d'esprit avec des malades mentaux. On enfreint la loi qui impose la détention individuelle et tout cela finit par ne plus choquer. Les suicides, les agressions ne diminuent pas. Nous finissons par admettre ces faits comme une fatalité.

Une fois de plus, un parlementaire, Michel Hunault, s'élève contre cette situation. Avec calme et détermination, il expose ses vues dans la revue Études (1) et demande qu'enfin, la France emprunte, en ce domaine, « la voie de l'Europe ».

Il déplore que l'on ne s'occupe pas davantage de la réinsertion et que, « en plus de toutes les actions entreprises sur le terrain, il n'y ait pas une véritable volonté politique assortie de dispositions juridiques précises et efficaces pour améliorer des situations souvent insupportables ». Insupportables, elles le sont pour les détenus, certes, mais aussi, ne l'oublions pas, pour les personnels pénitentiaires...

La récente Charte pénitentiaire européenne s'impose

Pourtant, les instruments juridiques, permettant de veiller au respect des droits de l'homme et des personnes privées de liberté, ne manquent pas. Aux diverses conventions émanant du Conseil de l'Europe et concernant les prisonniers, s'ajoute, depuis le 29 mai 2006, la Charte pénitentiaire européenne. Elle préconise et encourage les alternatives à la prison que sont les travaux d'intérêt général, les bracelets électroniques, les sursis avec mises à l'épreuve, etc... L'élaboration de cette charte s'est enrichie des meilleures expériences carcérales européennes. Ainsi, « en Pologne, le numerus clausus ne permet l'incarcération que si l'administration pénitentiaire est en mesure d'accueillir le prisonnier dans des conditions décentes. De même, en République tchèque, l'institution d'un médiateur garantit le traitement rapide des réclamations des prisonniers. Il se trouve également au service des détenus, de leurs familles et de l'administration pénitentiaire »...

La Charte pénitentiaire préconise de donner aux prisonniers les moyens de travailler en prison. Elle rappelle les règles qui s'imposent concernant la répartition dans les cellules, les conditions de vie quotidienne telles que l'alimentation, l'éclairage, la ventilation, l'hygiène personnelle, l'hygiène des locaux, etc... Autre point essentiel, elle traite de l'incarcération de détenus qui relèvent de la psychiatrie plus que de l'incarcération et qui requièrent des soins médicaux.

Tout cela n'est pas nouveau, dira-t- on. Mais, ce qui est neuf, c'est que cette charte est contraignante, c'est-à-dire que les manquements à ses principes donneront lieu à des poursuites et à des réparations. En ce début de siècle, conclut Michel Hunault, « il est nécessaire de trouver un équilibre entre l'exigence de l'opinion publique, qui souhaite plus de sévérité, et l'exigence, en toute circonstance, du respect de la dignité humaine pour la personne privée de liberté. Les travaux du Conseil de l'Europe sur cette question ne perdent pas de vue l'une et l'autre de ces deux exigences ».

En cette période électorale, il serait utile de savoir comment les candidats à la présidence de la République entendent traiter ces graves questions. Il faut absolument qu'ils nous disent s'ils s'engagent à rendre, enfin, notre système pénitentiaire conforme à la Charte pénitentiaire européenne et aux droits de l'homme.

(1) Revue Études, janvier 2007.

 

Dernières statistiques sur les prisons

Au 1er janvier 2007, 58 402 personnes étaient incarcérées en France contre 59 015 le 1er décembre 2006 ce qui représente une baisse de 1 %.

Le nombre de personnes prévenues est de 18 483 pour 39 919 personnes condamnées. En janvier 2006 on dénombrait 19 732 prévenus ce qui représente une baisse de 6,7 % en un an.

Les mineurs détenus sont 727 au 1er janvier 2006 contre 755 le mois précédent (soit – 3,7 %). Ils représentent 1,2 % de la population pénale.

Le nombre de personnes écrouées et non hébergées est de 2 001 contre 1 178 au 1er janvier 2006, chiffre qui traduit l’augmentation sensible des aménagements de peine (+ 70 %). Parmi elles, 1 648 bénéficient d’un placement sous bracelet électronique et 353 d’une mesure de placement à l’extérieur(7.01.2007 - Ministère de la Justice)

 

SUICIDE PAR PENDAISON D'UN HOMME DE 19 ANS

"Un jeune détenu de la prison Saint-Paul s'est donné la mort, dimanche soir, à Lyon. Admis dans le service médico-psychologique de l'établissement pénitentiaire, Jonathan Alonso a été découvert sans vie aux alentours de 19 heures. Il s'est donné la mort par pendaison. Après être parvenu à attacher un lacet au barreau supérieur d'un lit superposé. Le jeune homme était incarcéré depuis le mois d'octobre. Il avait écopé de 18 mois de prison pour son implication dans des faits de violence et le recel de véhicules revendus en pièces détachées. Depuis son placement en détention, Jonathan refusait les visites. Cette attitude avait été signalée à l'administration. La famille en a fait état à Me Olivier Forray, l'avocat du garçon qui a mis fin à ses jours." 

 Source : Le progrès de Lyon (25 janvier 2007)

 

LA PRISON S'INVITE SUR LE PARVIS DE L'HÔTEL DE VILLE DE PARIS

Trop c'est trop, campagne pour le respect du numerus clausus en prison, organise, du vendredi 9 mars au lundi 9 avril à Paris, l'opération "9 m², l'appartement témoin". Cet appartement, matérialisé par un tracé sur le sol, représente une cellule de prison. Toute personne tenant à exprimer son exigence de droit et de dignité à l'égard des personnes incarcérées, est invitée à occuper symboliquement, pour quelques heures, cet espace. Du 9 au 15 mars, cette manifestation est domiciliée sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris, puis en d'autres lieux les jours suivants. Le maire de Paris lui-même, soutient cette manifestation.

Qu'il soutienne cette campagne est louable, mais le sort réservé par la Mairie de Paris, en matière d'accès à l'emploi, aux personnes qui sortent de prison l'est beaucoup moins. Défendre les conditions de détention devrait se prolonger en favorisant la réintégration des personnes, quel que soit leur parcours. Titulaire de son poste à la mairie de Paris, ayant une ancienneté de 4 ans dans l'emploi qu'il occupe, un employé a été incarcéré 6 mois ; à sa sortie de prison il a repris son travail pendant 18 mois. Entre temps le jugement a été rendu ; il a été condamné à une peine de 18 mois dont 6 fermes (couvrant ainsi le temps de la détention provisoire), et surtout sans inscription au bulletin n° 2 de son casier judiciaire. Cette disposition ayant été prise par le juge pour éviter à ce père de famille de perdre son emploi. Cet employé, 18 mois après la reprise de son travail, s'est vu révoqué, après passage en conseil de discipline, au motif de sa condamnation alors qu'il n'y a aucune inscription au bulletin n° 2. Sa condamnation était nécessairement connue ne serait-ce que par son absence de 6 mois à son poste de travail.

L'ancien statut des fonctionnaires de 1959 (y compris de la fonction publique territoriale) imposait le recrutement de fonctionnaires d'Etat de "bonne moralité". Aujourd'hui, l'article 5-3 de la loi du 13 juillet 1983, relative aux droits et obligations des fonctionnaires, dispose que les mentions du bulletin n°2 du casier judiciaire doivent être compatibles avec l'exercice des fonctions. Révoquer un salarié au prétexte d'une condamnation, alors que celle-ci n'est pas inscrite au casier paraît être un abus de pouvoir.

Il y a non seulement un devoir de respecter les droits des personnes incarcérées, mais il y aussi, pour tous et sûrement avant tout pour l'Etat et ses représentants, un devoir de favoriser l'intégration des personnes après leur libération. Alors le maire de Paris ne doit pas se contenter d'être présent sur le parvis de son Hôtel de Ville pour soutenir une action médiatisée ; il doit aussi mettre en conformité sa politique de l'emploi avec ce que sous tend le respect des droits des personnes y compris lorsqu'elles sortent de prison ; il doit aussi respecter les dispositions de l'article de la loi du 13 juillet 1983.

Les membres de Ban Public (14.03.2007)

 

La Commission consultative des droits de l’homme dénonce les entraves posées aux alternatives à l’emprisonnement

Le Monde, 2 mars 2007

Ségolène Royal et François Bayrou insistent sur les alternatives à la détention. Nicolas Sarkozy évoque la réinsertion des prisonniers. Mais la réalité, comme le rappelle le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), Joël Thoraval, est qu’en France "80 % des détenus n’ont pas bénéficié d’aménagement de peines". La CNCDH a adopté un rapport consacré aux alternatives à la détention, à paraître à La Documentation française, qui fait un bilan critique des obstacles qui entravent le développement de ces mesures.

En 2005, les libérations conditionnelles représentaient moins de 5 % des sorties de prison. Les placements en semi-liberté, qui permettent à un détenu de travailler à l’extérieur, pendant la dernière année de sa détention, ont baissé de 14,5 %. Mais le placement sous surveillance électronique est en hausse constante : 1 857 détenus au mois de février contre 1 052 un an plus tôt.

Dans son rapport de politique pénale, la direction des affaires criminelles et des grâces note que "le placement sous surveillance électronique est privilégié dans certaines juridictions, au détriment de la semi-liberté". Au total, environ 6 % des personnes placées sous écrous bénéficient d’aménagements de peine.

Dans l’inconscient collectif, un condamné qui ne fait pas de prison - ou qui n’y reste pas - n’est pas complètement puni. "Alors qu’elles sont souvent perçues comme des faveurs accordées aux auteurs d’infraction, les alternatives à la détention que sont le contrôle judiciaire, le sursis avec mise à l’épreuve, le travail d’intérêt général ou encore la libération conditionnelle sont des mesures véritablement contraignantes", rappelle la CNCDH. Qui plus est : "Elles obtiennent de meilleurs résultats que la prison en terme de lutte contre la récidive et représentent un moindre coût pour la collectivité." L’auteure du rapport, Sarah Dindo, note par exemple que "le coût de construction d’une nouvelle place de prison (évalué à 106 400 euros) permet de calculer que le renoncement à une seule nouvelle place en maison d’arrêt permettrait de financer 5 911 jours de placement extérieur".

La CNCDH appelle à un changement dans l’approche de ces dossiers par ses trois principaux acteurs : le gouvernement, les juges, le secteur socio-éducatif. Elle dénonce "le discours ambivalent des autorités françaises, encourageant, dans des périodes très rapprochées, tantôt le recours à l’incarcération comme réponse pénale unique, tantôt le développement des mesures alternatives".

"DÉSINTÉRÊT"

Ainsi, les lois Perben, si elles ont laissé une image répressive, comportent un important développement des mesures alternatives à la prison. Pascal Clément a signé lui-même une directive, le 24 avril 2006, demandant aux procureurs de prendre "des réquisitions tendant au prononcé de peines alternatives aux peines d’emprisonnement, de mesures d’aménagement de peines", y compris, souligne le ministre, lors des procédures rapides de comparution immédiate, dénoncées par la CNCDH, comme "pourvoyeuse d’incarcérations". La commission appelle aussi à "un changement de culture au sein de la magistrature", qui a longtemps affiché "un désintérêt à l’égard du contenu des mesures alternatives". "L’étude montre que les praticiens n’exploitent pas les dispositifs existants comme ils le devraient", reconnaît Jean-Yves Monfort, président du tribunal de grande instance de Versailles.

Enfin, le rapport demande un renforcement du rôle et des moyens des acteurs du milieu ouvert, notamment des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), qui ne représentent que 10 % des effectifs de la pénitentiaire. "Les SPIP pâtissent d’un sous-effectif chronique, en dépit d’importants recrutements ces dernières années", note la Commission. Fin 2007, leur nombre devrait atteindre 3 000, et 3 500 en 2008. "On devrait s’approcher d’un conseiller pour 70 personnes au lieu d’un pour 90 actuellement", explique Philippe Pottier, à la direction de l’administration pénitentiaire. La CNCDH préconise, elle, d’arriver à un conseiller pour 50 personnes.

Alain Salles

Peines planchers ou mesures alternatives : la prison oppose les candidats du PS et de l’UMP

Le Monde, 23 février 2007

Avec 61 525 personnes placées sous écrou au mois de février, la France atteint de nouveau des records en matière d’emprisonnement. Désormais, 97,2 personnes sur 100 000 sont écrouées dans le pays, contre 77 en 2001. Selon Pierre Tournier, directeur de recherches au CNRS, les prisons comptent 10 400 détenus de plus que de places. Ce "surnombre" nourrit la violence en détention et la récidive des sortants de prison.

135 établissements ou quartiers sur 226 sont surpeuplés, 10 d’entre eux ayant une densité égale ou supérieure à 200 %. La surpopulation étouffe les maisons d’arrêt, où s’effectuent les détentions provisoires et les courtes peines. On compte ainsi 410 détenus pour 180 places à Béthune (Pas-de-Calais).

Sur ce sujet, les deux principaux candidats à l’élection présidentielle s’opposent. En réclamant l’instauration de peines planchers, peines minimales en dessous desquelles les juges ne pourraient aller, Nicolas Sarkozy s’inscrit dans la poursuite de l’augmentation de la population écrouée. "Je veux qu’à la première multirécidive on ne puisse pas être condamné à moins de la moitié de la peine prévue", a-t-il répété dans Le Parisien, mercredi 21 février. Pour la deuxième récidive, "pas moins de 75 % de la peine prévue", suggère le candidat. "Et pour la troisième, ce sera 100 %".

SYSTÈME SATURÉ

C’est le système des peines automatiques, combiné au plaider-coupable, qui a provoqué l’explosion carcérale américaine. Selon une étude publiée le 14 février aux Etats-Unis, le pays a 2,2 millions de prisonniers et devrait en compter 200 000 de plus d’ici à 2011, soit une croissance triple de celle de la population. Le surcoût est estimé à 27,5 milliards de dollars.

En souhaitant encadrer strictement la détention provisoire par des délais butoirs et développer les sanctions pénales alternatives à la prison, Ségolène Royal promet de son côté de rompre avec cette tendance. La proposition socialiste ne détaille cependant pas comment les moyens seraient rééquilibrés entre le milieu fermé et le milieu ouvert.

Le budget de l’administration pénitentiaire, 2,2 milliards d’euros en 2007, a augmenté de plus de 60 % depuis 2002. Malgré la création de nouvelles places (3 000 depuis 2002, pour un coût unitaire d’environ 100 000 euros), le système est saturé. "Les établissements déjà surpeuplés connaissent une situation de plus en plus tendue, explique M. Tournier. Les détenus en surnombre (+ 6 % entre 2005 et 2006) augmentent plus vite que la population carcérale (+ 1,5 %)."

Au début du mois de février, la CGT pénitentiaire dénonçait dans un communiqué "la situation catastrophique de la maison d’arrêt de Dijon", occupée à 230 %. Matelas par terre dans des cellules de 9m2 partagées par trois détenus, problèmes d’accès aux parloirs, au travail et au sport : les surveillants s’inquiètent.

Le personnel de la maison d’arrêt rappelle qu’en 1996 la surpopulation (trois détenus pour une place) avait provoqué une émeute. Détruite, la prison avait été fermée pendant deux ans.

Nathalie Guibert


Quel sens pour quelle sanction ? [1]

1. Position générale

La prison et son fonctionnement ne peuvent continuer à être la réponse judiciaire de référence qu’elle sont aujourd’hui : elles dégradent les personnes, créent et entretiennent des ruptures sociales, affectives et professionnelles graves. Si l’on veut être efficace, exemplaire, souhaiter que l’exécution des sanctions s’inscrive dans une logique de réparation et de réinsertion, en mettant par exemple du contenu dans le temps de la peine, il faut bien recourir à d’autres solutions : les Peines Alternatives.

Elles nous paraissent pourtant de nature à associer la société civile, à proposer de l’échange professionnel et donc à s’occuper de l’avenir autant que du présent, à prendre mieux en charge les symboliques collectives qu’interpellent chaque délit, chaque crime, chaque prononcé, chaque enfermement, chaque libération, chaque réhabilitation.

Nous abordons ces peines alternatives dans une acception étendue d’alternative à l’incarcération, en élargissant la réflexion :

• aux mesures avant le jugement : médiation pénale, mesure de réparation (notamment pour les mineurs, la mesure de réparation peut être proposée avec un « ajournement » de la peine de prison ferme proposée par le procureur),

• aux mesures après le jugement : aménagement de peines (s’ajoutant donc aux peines alternatives stricto sensu - SME, TIG…) : ces aménagements viennent alléger le temps de la prison et proposer alors un contrat positif entre la société et le condamné : liberté conditionnelle, placement sous surveillance électronique (maintien du lien social mais mesure ségrégative car il y a une incidence matérielle et économique), semi-liberté (insertion professionnelle), placement à l’extérieur…

2. Argumentaire

Les peines alternatives entrent dans l’échelle des peines, comme les autres peines ; de ce point de vue, et puisqu’elles permettent d’éviter l’enfermement tout en proposant une réponse judiciaire porteuse de sens – la peine alternative est une sanction – il nous paraît évident qu’elle est à privilégier.

Nous avons pu noter une tendance générale à la contractualisation dans la mise en exécution de certaines peines (amendes/jour, TIG, fractionnement de la peine, semi-liberté, bracelet électronique…) ainsi qu’une plus grande individualisation (le condamné est un sujet qui dispose d’un passé, d’un présent et d’un avenir), les peines alternatives pouvant s’inscrire parfaitement dans cette tendance en proposant une peine « aménagée »

Nous constatons que cet éventail de sanctions et d’évolutions de procédures semble offrir davantage de liaison entre les contenus qu’elles proposent et les infractions en réponse desquelles elles sont prononcées :

  • elles impliquent de façon plus large la société civile et donc une participation et une interprétation collectives,
  • elles produisent davantage de réflexion : on est obligé de réfléchir à leur mise en œuvre, ce qui ne s’est jamais vu pour condamner à de la prison !
  • elles sont amenées à placer le condamné comme acteur, d’un bout à l’autre de la procédure,
  • elles créent un contexte plutôt favorable d’adéquation sémantique, culturelle, économique… entre elles, le délit, la circonstance, la personne mise en examen,
  • elles se préoccupent nettement de faire progresser quelque chose du côté du statut du condamné, en le mettant d’abord dans une circulation (au lieu de l’en exclure), que celle-ci soit sociale, économique, professionnelle, médicale, éducative, civique, en ce sens, elle sont un signe fort d’une préoccupation prioritaire de réparation,
  • elles mettent le condamné en situation active et non plus passive, dans une relation contractualisée avec la société,

3. Des pleins et des vides de sens…

Les vides de sens :

d’après les différents entretiens que nous avons réalisés, nous avons pu noter de grandes disparités de vue et d’application entre les régions, ainsi qu’en fonction des acteurs judiciaires ; le même délit n’appellera pas le même prononcé de peine en fonction du contexte de délinquance, d’autre part…

Ceci expliquant peut-être cela, nous avons pu également constater une certaine frilosité des juges devant le peu d’évaluation de l’application des TIG à des cas plus lourds, la caractéristique locale de certains emplois, la personnalité de certains personnels sociaux… fragilisent considérablement une telle procédure, à vocation si singularisée.

Nous avons ainsi constaté :

  • des manques terribles d’offres valorisantes et productrices de liaisons (entre le délinquant et ses centres d’intérêt ou « le champ » de son délit),
  • des manques de moyens pour encadrer, suivre et évaluer ces procédures (cf. les entretiens d’Agen),
  • des déficits de définition et de visibilité : le TIG est perçu parfois comme un échappatoire à la sanction (prison) et donc n’est pas perçu comme sanction,
  • des manques de suivi : les TIG peuvent être ajournés (perte d’efficacité ou de lisibilité après 2 ans de délai sans exécution), parfois non exécutés partiellement ou même en totalité.

Ni les victimes ni les condamnés ni la société médiatique (les signes d’un éventuel aléatoire dans l’application encouragent toujours à la méfiance et à la désillusion) n’ont donc l’idée, pour la mise en œuvre des peines de substitution, d’une justice impartiale, objective et “juste”. Par ailleurs, elle se dit juger “en qualité” mais lorsqu’elle prononce la peine de prison, elle juge avant tout “en quantité” ! Les cartes de la lisibilité du sens de la peine se brouillent…

Il faut ajouter enfin, au risque de clore ce thème au moment de l’avoir ouvert, que nous ne croyons pas qu’il existe dans la réalité des peines substitutives à l’incarcération : toutes les sanctions dont nous parlons ici et qui sont listées ci-dessous ne sont pas substitutives mais constituent le complément de sanctions qui s’ajoutent à la peine de prison : il est très rare de constater leur usage en qualité d’alternative. Le juge y a recours dans des cas mineurs et spécifiques, pour lesquels il n’aurait pas, en tout état de cause, utilisé la peine de prison !

Les pleins de sens :

sur le principe nous avons entendu beaucoup de remarques plutôt positives quant au TIG notamment ; il est entré dans l’échelle des peines et sert parfois de levier pour ressembler plutôt à une mesure de réparation. Nous pouvons constater à son endroit et selon des exemples concrets, malheureusement très ponctuels :

  • une mise en contact manifeste et une implication directe avec la société civile et non plus seulement avec les organismes de réinsertion ou les éducateurs spécialisés, le condamné est déjà dans un processus de rencontre en même temps que dans une institution neutre, non concernée directement par son cas et sa peine, non impliquée dans le processus judiciaire, et donc non stigmatisante,
  • une offre possible de tutorat professionnel : le condamné est en prise directe, humaine et spécialisée, avec un “homologue” professionnel, qui d’une certaine façon est son égal, qui s’adresse à lui sans considération sur son statut, qui attend de lui des actes et des pensées reliées à une activité objective et qualifiable (cf. les entretiens de Paris),
  • des procédures de réalisation qui en font de vraies mesures de réparation : des expériences régionales singulières (cf. le module « Dialogue citoyen » au TGI de Versailles ou les cas de sursis avec mise à l’épreuve) dans une meilleure prise en compte des sujets eux-mêmes, de leur état d’esprit, de leur posture sociale.

4. Glossaire : les peines alternatives

L’ensemble des qualifications d’infractions se divise en trois catégories : les crimes, les délits et les contraventions. Les contraventions ne sont pas passibles de peine d’emprisonnement, les crimes sont toujours principalement passibles de peine d’emprisonnement, seuls les délits présentent un éventail de peines très large associant milieu fermé et milieu ouvert (en 1998, 22 % des condamnations pour délits sont des peines d’emprisonnement ou assorties d’un sursis partiel, 43 % sont des peines d’emprisonnement assorties de sursis, 11 % sont des peines aménagées en milieu ouvert et 24 % sont des peines d’amendes).

Pour les peines en milieu ouvert, le juge a à sa disposition un éventail considérable :

en peines principales citons :

• le jour/amende (le montant du jour est calculé à partir des ressources et charges du condamné, la gravité donne le nombre de jour),

• le travail d’intérêt général ou TIG, non rémunéré, compatible avec l’activité professionnelle éventuelle du condamné et prononcé avec son consentement sur le principe (la prison est prononcée par défaut ou en cas de refus – quasiment jamais vu),

• les peines privatives ou restrictives de droit (retrait de permis de conduire, de chasser, confiscation de biens, d’armes, de véhicules, interdiction de chèques, de cartes de crédits, interdiction d’exercer une profession…),

certaines des peines complémentaires suivantes peuvent se substituer à des peines principales :

  • placement avec surveillance électronique,
  • suppression des droits civiques (vote et éligibilité), civils et de famille,
  • interdiction d’aller et venir,
  • interdiction de séjour,
  • interdiction de quitter le territoire, de pénétrer dans certains lieux,
  • exclusion de marchés publics,
  • fermetures d’établissement,
  • suivi socio-judiciaire,
  • injonction de soins,
  • interdiction d’activités avec des mineurs,
  • confiscation générale,
  • affichage du prononcé (peine infamante)

5. A consulter

Document Congrès Limoges LDH (publication LDH documents)

« Les cahiers de la Fnars » n°9 décembre 2000 - Sanctionner sans exclure, aménagement des peines et alternatives à l’incarcération »

Notes

[1] Document extrait des prises de position du groupe de travail Prisons de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

Population pénale mars 2007

Au 1er mars 2007, 59 892 personnes étaient incarcérées en France contre 59 288 le 1er février 2007 (soit une hausse de 1 %).

Le nombre de personnes prévenues est de 18 561 pour 41 331 personnes condamnées. En mars 2006 on dénombrait 19 368 prévenus ce qui représente une baisse de 4,3 % en un an.

Les mineurs détenus sont 721 au 1er mars 2007 contre 688 le 1er février 2007 (soit une hausse de 4,8 % qui succède à la baisse de 5,4 % enregistrée le mois précédent). Ils représentent 1,2 % de la population pénale.

Au 1er février 2007, 4 252 personnes écrouées bénéficient d’un aménagement de peine contre 3 180 au 1er février 2006 (+ 33,7 %), soit 9,7% des condamnés, taux qui n’avait jamais été atteint auparavant.

Il y a ainsi 1 925 personnes écrouées qui bénéficient d’un placement sous bracelet électronique (+ 68 placements), 778 d’une mesure de placement à l’extérieur (+ 45 mesures) et 1 549 d’une mesure de semi-liberté (+ 71 mesures). (Source : Ministère de la Justice)

 

Le vote en prison : ce que dit la Loi

   Pour qu’un détenu puisse voter, il doit, comme tout électeur, être de nationalité française, avoir 18 ans et être inscrit sur une liste électorale. Aucune juridiction ne doit avoir prononcé à son encontre une privation des droits civiques. Une peine qui peut sanctionner des faits de trafic de drogue, une atteinte grave à l’Etat, un délit financier…

  Moyennant ces restrictions, la personne incarcérée vote par procuration.

  L’article L.6 du code électoral précise que seront privés du droit de vote pendant le délai fixé par le jugement, ceux auxquels les tribunaux ont interdit le droit de vote et d’élection par application des lois qui autorisent cette interdiction. (Art. 131-26 du code pénal).

(Ministère de la Justice - 9 juin 2007)

 

Les 10 chiffres clés de l’administration pénitentiaire

59 000 détenus

39% des détenus ont une activité rémunérée

21 000 décisions d’aménagement de peine

146 000 personnes suivies en milieu ouvert

29 500 agents dont 23 000 personnels de surveillance

6 000 intervenants au quotidien en détention, dont 2 000 personnels de santé

188 établissements pénitentiaires (115 maisons d’arrêt, 73 établissements pour peine)

+ 4 établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) mis en service en 2007

103 services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP)

2,2 m d’euros de budget annuel global

(Avril 2007 - Ministère de la Justice)

 

05 juin 2007 - agression du vice-président pour enfants du TGI de Metz

Le Garde des sceaux souhaite faire part de son émotion devant un acte très choquant et assure l’ensemble des magistrats et des fonctionnaires de son entier soutien.

Message du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice à l’ensemble des magistrats et fonctionnaires du ministère de la Justice

Rachida DatiJ’ai été avisée ce matin d’une agression d’une exceptionnelle gravité commise à l’encontre de M. Jacques NORIS, vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal de grande instance de Metz. J’exprime à ce magistrat toute ma sympathie et mes souhaits de prompt rétablissement.

Je tiens en cette circonstance à faire part à l’ensemble des magistrats et fonctionnaires du ministère de la Justice de mon total soutien. De telles atteintes aux personnes qui travaillent au quotidien dans des conditions difficiles sont intolérables. Elles nuisent à la sérénité qui doit présider à l’activité judiciaire.

Je ne les tolérerai pas. Je demanderai prochainement aux parquets d’apporter à ces faits une réponse pénale systématique et empreinte de la plus grande fermeté.

J’ai aujourd’hui même demandé à Monsieur l’Inspecteur Général des Services Judiciaires de déterminer les circonstances dans lesquelles une agression d’une telle gravité a pu se produire dans une enceinte judiciaire, et de me dresser sans délai un bilan de la mise en œuvre  du plan d’action pour la sûreté des juridictions.

J’ai décidé de prendre des mesures immédiates pour améliorer la sécurité des palais de Justice, et je débloquerai dans les tout prochains jours les moyens financiers nécessaires.

Votre sécurité constitue pour moi un impératif absolu. Soyez assurés que je serai toujours à vos côtés dans ces moments difficiles  pour l’ensemble des personnels de la Justice. 

                            Rachida Dati  -   Le tribunal de grande instance de Metz

 

PRISON : PAS DE GRÂCE COLLECTIVE

L'annonce a été faite le 8 juillet par le président de la République : il n'y aura pas de grâce collective cette année.

Un précédent éditorial faisait le point sur les mesures d'amnistie et de grâce ; les grâces présentent indéniablement l'inconvénient d'être contraires au principe d'individualisation dans l'application de la peine, de n'être qu'une réponse partielle et très insatisfaisante au problème de la surpopulation carcérale, de mettre en exergue les différences entre les motifs d'incarcération des personnes détenues, de favoriser les "sorties sèches", de s'appliquer à telle ou telle catégorie d'infraction selon des critères variant avec l'air du temps.

Pourtant, Ban Public n'approuve pas cette décision. Le président de la République explique son choix notamment par le fait que "le droit de grâce" ne peut servir "à gérer les prisons". Mais, il ne faudrait pas prendre le problème à l'envers. Il conviendrait d'abord de résoudre le problème de la surpopulation, en dépénalisant certains délits, en faisant de la détention provisoire une véritable exception, en donnant aux juges de l'application des peines les moyens de prononcer davantage d'aménagement de peine, en posant clairement le problème de l'allongement des peines.

Seulement après, les mesures de grâce collective pourraient être supprimées. Tant qu'elles peuvent atténuer, même provisoirement, certaines difficultés elles devraient être maintenues. Les conditions actuelles de détention sont parfois insupportables ; les prisons sont une "honte pour la République", comme le soulignait le rapport sénatorial de 2000 ; depuis d'ailleurs, d'autres rapports (celui du conseil économique et social de 2006, celui du commissaire européen aux droits de l'Homme de 2006) ont conclu de la même façon. Si des mesures, même imparfaites, peuvent permettre de soulager le quotidien des personnes incarcérées alors, c'est presque un devoir pour l'Etat d'y avoir recours, tant que d'autres mesures, meilleures sans doute, ne sont pas mises en application.

Ban Public refuse de se laisser bercer par un discours apparemment emprunt de bonnes intentions ; Ban Public rappelle, qu'au cœur du système carcéral, se trouvent des hommes et des femmes qui, de toute évidence, dans les semaines qui viennent, vont vivre dans des conditions particulièrement difficiles, puisque le nombre de personnes détenues est exceptionnellement élevé.

Juillet 2007  - URL de l'article :http://prison.eu.org/article.php3?id_article=9809

 

L'ÉTÉ EN PRISON

La période de l'été pour les personnes qui sont incarcérées est une période particulière, sans doute plus difficile encore que les autres périodes de l'année. Les grâces présidentielles, solution très imparfaite au problème de la surpopulation carcérale, permettent de diminuer le nombre de personnes incarcérées durant l'été, ce qui atténue certaines difficultés. Mais cette année, il n'y a pas eu de grâce.

Les activités habituelles, quelles soient culturelles, sportives, artistiques, d'enseignement ou de formation ne sont plus assurées, ce qui entraîne une oisiveté accrue. L'offre de travail diminue souvent, ce qui, tout en accentuant l'inactivité, fait basculer dans l'indigence nombre de personnes, puisque le droit du travail ne s'applique pas et que la notion de congés payés n'existe pas. Cette subite perte de revenu est d'autant plus préoccupante que la prise en compte de l'indigence, au sens de l'administration pénitentiaire, est toujours différée, compte tenu des critères appliqués : selon les établissements, 2 ou 3 mois consécutifs avec moins de 50 euros (somme qui peut varier selon les établissements) sur le compte nominatif.

Les conseillers d'insertion et de probation (CIP) assurent certes une permanence, mais plusieurs sont absents et les dossiers qu'ils ont en charge sont parfois en souffrance. Il n'est pas question d'imposer la présence de tous les CIP à cette période de l'année et de dégrader ainsi leurs conditions de travail, mais il conviendrait de trouver des solutions, autres qu'une simple permanence, car il ne faut jamais oublier que, derrière les dossiers traités, il y a des personnes en attente d'un aménagement de peine, d'une solution à un problème social particulier, d'une permission de sortir, d'aide pour une démarche auprès d'un employeur, de contact avec la famille...

Les sorties qui ont lieu l'été sont souvent plus compliquées car les structures associatives d'accueil sont moins actives.

Les aléas climatiques, canicule de certains étés, rendent les conditions de vie pénibles. Bien sûr, une canicule est pénible même à l'extérieur, mais cela est sans commune mesure avec les conditions de vie dans un espace confiné, à plusieurs, et lorsque les sorties de cellule ne sont parfois possibles que 2 heures par jour. Les conditions d'hygiène sont également fortement mises à mal.

Il est nécessaire d'être vigilant, sinon à rendre la peine de prison encore plus insupportable qu'elle ne l'est déjà. Même si les personnes ont été condamnées à une peine privative de liberté (ou qu'elles sont en détention provisoire) il est essentiel d'être attentif à leurs conditions de vie. Il ne faut se lasser de répéter que même si les personnes ont commis des infractions, elles doivent se voir reconnaître tous leurs droits.

La rédaction - Ban Public - Juillet 2007

 

Statistiques sur la population carcérale au 1er juin 2007

Chiffres de la population pénale au 1er juin 2007

Au 1er juin 2007, 60 870 personnes étaient incarcérées en France soit une quasi stabilité (+ 0,3 %)  par rapport au mois précédent (60 698).

Le nombre de personnes prévenues est de 17 691 pour 43 179 personnes condamnées.En juin 2006, on dénombrait 18 748 prévenus ce qui représente une baisse de 6 % en un an. Les prévenus ne représentent plus que 29 % de la population pénale.

Les mineurs détenus sont 784 au 1er juin 2007 au lieu de 712 le 1er mai 2007 (soit une augmentation de 10 %). Ils représentent 1,3 % de la population pénale.

Au 1er juin 2007, 4 869 personnes écrouées bénéficientd’un aménagement de peine soit une hausse de 29 % par rapport au 1er juin 2006 (3 760).

Il y a ainsi 884 personnes bénéficiant d’une mesure de placement à l’extérieur, 1 679 d’une mesure de semi-liberté et 2 306 d’un placement sous bracelet électronique (+ 81 mesures). Pour mémoire, le nombre de personnes placées simultanément sous surveillance électronique a franchi pour la première fois le cap des 2 000 le 1er avril 2007.

(Source : Ministère de la Justice)

 

8 SUICIDES OU MORTS SUSPECTES EN DÉTENTION, 

ENTRE LE 27 JUILLET ET LE 14 AOÛT 2007

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas de façon significative, avec une moyenne d'un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison, soit 7 fois plus qu'en milieu libre.

On se donne également 7 fois plus la mort au quartier disciplinaire qu'en détention ordinaire.

Entre le 27 juillet et le 14 août 2007, 8 suicides ou morts suspectes en détention : 

27/07 : mort suspecte d'un jeune homme de 19 ans, à la MA de Montpellier

27/07 : suicide d'un jeune homme qui devait sortir en avril 2008, à la MA de Villeneuve les Maguelone

31/07 : suicide d'un homme d'âge inconnu, à la MA de Metz-Queuleu

03/08 : suicide par pendaison d'un homme de 36 ans, à la MA de Metz-Queuleu

10/08 : suicide par pendaison d'un homme de 34 ans au CP de Fresnes

10/08 : mort suspecte d'un jeune homme à la MA d'Evreux

11/08 : suicide d'un homme d'âge inconnu au CD de Liancourt

14/08 : suicide par pendaison d'un homme de 46 ans, à quelques mois de sa libération, après 15 ans de prison, au CP de Caen

Par la création de son observatoire des suicides et des morts suspectes en avril 2002, sur son site prison.eu.org, Ban Public souhaite interpeller l'opinion publique.

2002 : 122 suicides   2003 : 120 suicides

En décembre 2003, Jean-Louis Terra, dans son rapport de mission à la demande du garde des Sceaux, ministre de la Justice et du ministre de la Santé de la Famille et des Personnes Handicapées, fixait un objectif de diminution de 20% du nombre de suicides dans les 5 années à venir...

2004 : 114 suicides    2005 : 122 suicides

Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires :

"L'ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l'entrée en détention, certains moments particuliers :

- la période correspondant au jugement ;

- le placement au quartier disciplinaire ;

- la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation."

Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l'homme en prison :

"Le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l'administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement...)."

La rédaction - Ban Public - Août 2007

URL de l'article :http://prison.eu.org/article.php3?id_article=9888

 

Statistiques sur la population carcérale au 1er juillet 2007

Au 1er juillet 2007, 61 810 personnes étaient incarcérées en France soit une hausse de 1,5 %  par rapport au mois précédent (60 870).

Le nombre de personnes prévenues est de 18 223 pour 43 587 personnes condamnées. En juillet 2006, on dénombrait 18 546 prévenus ce qui représente une baisse de 1,7 % en un an. Les prévenus ne représentent plus que 29,5 % de la population pénale.

Les mineurs détenus sont 825 au 1er juillet 2007 au lieu de 784 le 1er juin 2007 (soit une augmentation de 5,2 %). Ils représentent 1,3 % de la population pénale.

Au 1er juillet 2007, 4 979 personnes écrouées bénéficient d’un aménagement de peine soit une hausse de 27,2 % en un an.

Il y a ainsi 819 personnes bénéficiant d’une mesure de placement à l’extérieur, 1 773 d’une mesure de semi-liberté et 2 387 d’un placement sous bracelet électronique (+ 81 mesures). Pour mémoire, le nombre de personnes placées simultanément sous surveillance électronique a franchi pour la première fois le cap des 2 000 le 1er avril 2007. (Ministère de la Justice - 31.07.2007)

 

LA JOURNÉE MONDIALE DU REFUS DE LA MISÈRE... EN PRISON

Depuis 1987, le 17 octobre est la journée mondiale du refus de la misère. Cette journée est l'occasion pour les plus pauvres et pour tous ceux qui refusent la misère et l'exclusion de se rassembler pour affirmer que la dignité et la liberté de tous doivent être respectées. Le nombre de personnes pauvres en prison est plus élevé qu'à l'extérieur. Non seulement les personnes en situation de précarité matérielle vont plus en prison que les autres, mais aussi, la prison engage et conforte un processus de paupérisation.

Les chiffres sont là : 17,5 % des entrants en prison disent ne pas avoir de protection sociale, 5 % se déclarent sans abri et 10 % hébergés dans un domicile précaire (source : revue trimestrielle du Haut Conseil de la santé publique, septembre 2003). Les critères de pauvreté sont nombreux et les chiffres précédents peuvent être complétés par le pourcentage de personnes qui se déclarent illettrées à l'entrée en prison : 11 %.

Il serait simpliste de penser que le seul fait d'être pauvre incite à la commission d'infraction (comme le vol). La sur-représentation des classes à faible revenu, à l'entrée en prison, a de multiples causes.

Les juges ont plus facilement recours à la détention provisoire pour les personnes offrant peu de garanties de représentation. Le fait de ne pas avoir de travail, le fait de ne pas avoir de domicile fixe, sont des facteurs qui incitent les juges à prononcer des mises en détention provisoire, de manière à être sûrs que ces personnes puissent être à la disposition de la Justice.

Par ailleurs, la procédure de comparution immédiate présente, entre autres particularités, celle de pouvoir conduire à un mandat de dépôt dès la fin de l'audience, y compris si la peine est égale ou inférieure à 1 an. Ce qui n'est pas le cas dans les autres procédures où, en vertu de l'article 723-15 du code de procédure pénale, la convocation par le juge de l'application des peines est nécessaire pour les peines inférieures à 1 an. La procédure de comparution immédiate peut être plus facilement choisie par les procureurs pour des personnes en situation de précarité du fait du risque de ne pas les voir se présenter à une audience ultérieure. Pour ces mêmes raisons, des peines de prison fermes sont plus facilement prononcées.

Enfin, l'octroi d'une libération conditionnelle dépend essentiellement de 2 facteurs : l'hébergement à la sortie et le fait d'avoir une promesse d'embauche. Inutile d'expliquer que la précarité avant l'incarcération, souvent synonyme de réseau social peu développé, fonde une inégalité certaine quant à l'octroi d'une libération conditionnelle.

La prison elle-même entretient et déclenche un processus de paupérisation. D'abord parce que le travail, toujours rémunéré très en dessous du SMIC horaire du milieu libre, est loin d'être accessible à tous (le taux de chômage étant généralement très élevé dans les établissements pénitentiaires). Ensuite, parce que l'incarcération entraîne la suspension, éventuellement différée, de certaines prestations sociales perçues en milieu libre. Certes, les commissions d'indigence, qui se réunissent en général tous les mois dans les établissements, peuvent verser de l'argent aux personnes qui n'ont pas plus d'une certaine somme (en général 30 euros) sur leur compte nominatif. La somme versée est de l'ordre de 45 euros, sans que jamais cela devienne un revenu mensuel.

Par ailleurs, au-delà de ces aspects strictement financiers, les liens avec les proches, du fait de l'incarcération, se distendent ; or la proximité, familiale notamment, entraîne souvent une solidarité pouvant limiter, voire enrayer, la précarité.

La journée mondiale du refus de la misère peut être l'occasion d'interpeller les responsables politiques sur la question de la pauvreté et de la prison, intimement liées par une double relation de causalité : d'une certaine manière, la pauvreté conduit en prison et la prison elle-même rend pauvre.

La rédaction de Ban Public - Octobre 2007

 

NOUVELLE LOI PENITENTIAIRE : un article de l'Observatoire International des Prisons

Préconisations du COR remises à Mme Dati : un rapport ni fait ni à faire...

Le document dévoilé par le Comité d'orientation restreint (COR) appelle à une double réaction, la première relativement à la démarche générale du comité, la seconde concernant le contenu des recommandations.

Commentaires généraux

Le COR énonce une série de propositions qui constitue un catalogue disparate, imprécis et incomplet de recommandations. Il n'a pas inscrit ses travaux de réflexion dans le cadre de l'exigence affirmée avec force en 2000 par le Premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, qui était de faire sortir la prison de l'exception juridique par une loi garantissant l'ensemble des droits fondamentaux de la personne détenue et encadrant strictement les restrictions pouvant y être apportées par l'administration pénitentiaire. Faute de cela, les préconisations du COR sont loin de la finalité de la réforme de la condition pénitentiaire, qui aurait dû être de mettre en conformité le droit de la prison et le statut juridique du détenu avec les exigences de l'Etat de droit. C'est-à-dire que la loi devrait établir d'une part que le milieu carcéral est régi selon le droit commun, et d'autre part que le détenu est titulaire de tous les droits puisés dans sa qualité de citoyen.

Force est de constater, à l'inverse, que le COR semble avoir admis comme point de départ les présupposés très contestables définis par l'administration pénitentiaire elle-même, dans un document qu'elle lui a remis dès son installation (Direction de l'administration pénitentiaire, Enjeux, juillet 2007) : « Les règles pénitentiaires européennes sont pour l'essentiel déjà transcrites dans notre réglementation » (p. 5). « Les prisons françaises ne sont pas une honte » (p. 5), « la France gère bien ses prisons » (p. 6), «  la LOPJ, la loi du 9 mars 2004 et les textes règlementaires qui les ont suivis ont intégré dans notre cadre normatif l'essentiel des dispositions qui figuraient dans le projet de loi pénitentiaire de 2002 » (p. 9). De ce fait, en lieu et place d'une remise à plat du droit pénitentiaire, le COR s'est contenté de propositions ponctuelles. Cette exigence avait pourtant été unanimement approuvée par les formations politiques siégeant au Parlement et été appuyée par le Conseil d'Etat et le Comité de prévention de la torture du Conseil de l'Europe.

A défaut d'avoir privilégié une approche fondée sur le respect des droits de l'homme en prison - l'expression n'apparaît d'ailleurs à aucun moment dans le rapport d'étape - le COR a entendu définir dans le plus grand désordre juridique (voir ci-dessous) les « devoirs » des détenus. Ce faisant, il intègre dans ce chapitre deux mesures en face desquelles toute l'attention du législateur devrait être requise pour protéger la dignité des personnes : la fouille et le placement au quartier disciplinaire.

Par ailleurs, le COR est silencieux sur les projets d'ores et déjà très contestés annoncés par Mme Dati comme devant figurer dans la loi pénitentiaire : réforme de l'attribution des réductions de peine et instauration de lieux d'enfermement post-peine, remise en cause du secret médical.

L'OIP a, lors de son audition par le COR le 15 octobre 2007, fait une double suggestion à l'ensemble de ses membres : renoncer à produire un nouvel ensemble de préconisations en lieu et place des recommandations élaborées par les instances de protection des droits de l'homme françaises et européennes ; mais exiger d'obtenir le texte de la future loi pénitentiaire et d'être la sentinelle intransigeante de sa conformité avec ces recommandations.

L'OIP a si peu été entendu qu'il a disparu de la liste des auditions du COR.

 

 Les préconisations du COR 

Ces recommandations sont de trois types.

A. Soit elles sont dénuées de sérieux. Par exemple, au chapitre des devoirs des détenus, comme pour des locataires ordinaires, le COR entend instaurer « un état des lieux d'entrée et de sortie » à l'appui d'une « obligation de respect et d'entretien des lieux de vie du détenu ». On attend avec impatience l'état des lieux entrants de détenus en maison d'arrêt : « entrée dans une cellule vétuste, nombreuses fuites, toilettes ignobles, deux autres locataires pour neuf mètres carrés. Je m'engage à rendre ce bien dans l'état dans lequel je l'ai trouvé ». Une telle recommandation est du reste tout à fait déplacée au regard de la gravité des manquements de l'administration au regard des normes minimales d'hygiène et de salubrité. De même, la volonté de donner une suite pénale à toutes les agressions survenues en détention n'est aucunement de nature à assurer la protection effective de l'intégrité des personnes.

B. Soit elles sont contestables. Parfois le COR semble ne pas voir que ce qu'il propose est une véritable régression visant non pas à faire progresser le droit mais à mettre le droit en accord avec les faits, entériner juridiquement des pratiques existantes. Il en est ainsi de la proposition d'étendre à 2 ans la période pendant laquelle les condamnés peuvent être maintenus en maison d'arrêt alors qu'en avril 2001, dans le cadre d'une proposition de loi adoptée à l'unanimité, les sénateurs avaient réaffirmé la nécessité d'assurer le respect de la loi en matière d'affectation en établissement pour peine (en supprimant la possibilité de maintien au delà d'un an).

D'autres recommandations se révèlent être l'exacte reproduction - ou presque - des propres attentes de la direction de l'administration pénitentiaire (DAP), communiquées sous forme d' « hypothèses » au COR au fil de ses travaux. Ainsi en est-il de la durée maximale de punition de cellule disciplinaire que le COR souhaite voir fixée à 28 jours, qui correspond à peu de chose près aux intentions de la chancellerie (30 jours), alors même qu'une telle durée est plus de trois fois supérieure à celle prévue par la loi belge de 2001 (9 jours). Une telle sanction constitue pourtant un traitement d'un autre âge, que la Commission nationale consultative des droits de l'homme avait entendu proscrire en recommandant son remplacement par le confinement en cellule.

De même, le COR se refuse à mettre le régime disciplinaire des détenus en conformité avec les principes du procès équitables garantis à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme en confiant le pouvoir de sanction à une instance indépendante et impartiale. Il se contente de préconiser un raccourcissement du délai imparti au directeur interrégional pour statuer sur le recours du détenu sanctionné - contrôle dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est dépourvu d'effectivité ; ainsi que la possibilité d'exercer une procédure en référé devant la juridiction administrative - ce qui est déjà le cas depuis la loi du 30 juin 2000 sur les référés d'urgence.

Pareillement, s'agissant des relations intimes entre la personne détenue et ses proches, le COR se contente de reprendre le principe de l'extension des unités de visites familiales, sans aborder la question des conditions de visites au parloir ordinaire. Plus largement, aux termes des préconisations du COR, l'intimité du détenu en détention tient dans une armoire fermée à clé...

En outre, en partant des hypothèses de l'administration, et non des recommandations des instances de protection des droits de l'homme, le COR passe totalement sous silence des domaines entiers que la loi se doit de réformer. Ainsi, le régime d'isolement, qui a été vivement critiqué par le Comité anti-torture de l'ONU, est totalement passé sous silence. Même chose s'agissant des transferts, constamment utilisés comme sanction déguisée. L'usage des moyens de contrainte et de la force n'est pas davantage abordé, alors même que la France a été condamnée à deux reprises par la Cour européenne pour l'utilisation abusive d'entraves et que les modalités d'action des Equipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) ont été critiquées par le Comité de prévention de la torture et la Commission nationale de déontologie de la sécurité. 

Par ailleurs, le COR passe sous silence la question de la garantie des droits, notamment en urgence. Le droit européen exige que les détenus puissent soumettre leurs griefs très rapidement à un juge lorsqu'ils allèguent être victime d'un traitement dégradant. Les conditions d'accès des détenus au juge de l'urgence et, plus largement, le droit à un recours effectif ne sont pas envisagés.

C. Soit les recommandations vont dans le bon sens, mais, faute de précisions, sont réduites à des vœux pieux. Par exemple, le COR proclame sa volonté d'aboutir au respect de l'encellulement individuel. Mais, au rythme de l'inflation carcérale actuelle, l'administration pénitentiaire a fait savoir, dans le document rassemblant ses « hypothèses », qu'elle ne sera pas en mesure de respecter ce principe avant 2016, et a suggéré de repousser en 2012 l'échéance aujourd'hui fixée par la loi en juin 2008. Le COR n'a pas, chiffres en main, déterminé de manière possible d'atteindre l'encellulement individuel à bref délais. Et pour cause, il n'émet aucune observation sur les conséquences pénitentiaires de la politique pénale du gouvernement. Il en va de même des préconisations concernant la libération conditionnelle, qui font l'impasse sur toute analyse de fonds des raisons du déclin très rapide de cette mesure au cours des 5 dernières années.

05.12.2007

 

Future loi pénitentiaire : les propositions du comité

(vendredi 30 novembre 2007)

Le ministre de la justice a reçu le 20 novembre 2007 le rapport du « Comité d’orientation restreint de la loi pénitentiaire ». Ce document présente 120 préconisations destinées à orienter les travaux « d’élaboration du projet d’une grande loi pénitentiaire ».

Le rapport propose en premier lieu de faire de la privation de liberté une sanction de dernier recours, par le développement des aménagements de peine et la création d’une nouvelle peine « d’assignation à résidence » sous surveillance électronique. Le Comité se prononce par ailleurs en faveur de la mise en œuvre dans un « délai le plus rapproché possible » de l’encellulement individuel. Disposition inscrite dans le code de procédure pénale (article 716), elle avait été instituée par la loi sur la présomption d’innocence de 2000 qui prévoyait sa réalisation pour l’année 2003, avant que celle-ci soit repoussée à juin 2008. Selon les chiffres du ministère, 61 763 personnes étaient détenues au 1er novembre 2007 en métropole et outre-mer, contre 50 727 places.

Installé en juillet 2007, le Comité se compose de représentants d’organisations syndicales, de professionnels de la justice et de membres de la société civile : magistrats, éducateurs, aumônier, avocat, universitaire, syndicats de surveillants, etc.

 Sites internet publics sélectionnés

 

Discours de Madame Rachida Dati, Garde des sceaux, Ministre de la Justice 
à l’occasion des IVe rencontres parlementaires sur les prisons 
Maison de la Chimie, Paris, jeudi 13 décembre 2007 


Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Procureur général, Monsieur le Bâtonnier,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Messieurs les représentants des organisations syndicales,
Mesdames et Messieurs,


Je suis très heureuse d’intervenir aujourd’hui à l’occasion des 4es rencontres 
parlementaires sur les prisons. Je veux en remercier les initiateurs : Marylise 
Lebranchu et vous, Cher Philippe Houillon. 

C’est vrai. La prison se réforme, la prison change. Nous ne sommes plus au stade 
des voeux. Nous ne sommes plus au stade des questions. Nous ne sommes plus au 
stade de la réflexion. Nous sommes au stade de l’action. La prison se réforme. C’est 
aujourd’hui une réalité. 

La première loi pénitentiaire voulue par Albin Chalandon a été votée il y a plus de 
vingt ans. 

Des travaux parlementaires de qualité ont montré la nécessité de réformer notre 
système pénitentiaire. Il y a eu les rapports des commissions d’enquête en 2000, 
l’une de l’Assemblée nationale présidée par Louis Mermaz sur la situation dans les 
prisons et l’autre du Sénat, présidée par Jean-Jacques Hyest, sur les conditions de 
détention dans les établissements pénitentiaires. 

Des réformes ont été envisagées. Elles n’ont pas abouti. 

Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) a effectué une visite 
en France du 27 septembre au 9 octobre 2006. Il nous a fait part d’un certain nombre 
d’observations. J’entends y répondre de façon concrète. 

Dès mon arrivée au ministère de la Justice, j’ai voulu changer les prisons. Je suis 
allée sur place. J’ai rencontré des surveillants, des directeurs, des personnels 
d’insertion et de probation, des associations. 

Le 11 juillet 2007, j’ai installé un comité d’orientation restreint présidé par Jean-
Olivier VIOUT, Procureur général près la Cour d’appel de Lyon. Cette instance a été 
chargée de réfléchir à l’élaboration d’une nouvelle loi pénitentiaire. Elle regroupe des 
personnalités d’horizons divers. 

Elles n’ont pas toutes la même vision de la prison. C’est en croisant les regards que 
l’on pourra faire évoluer les choses. 

Le comité d’orientation a effectué un immense travail en quelques mois. Il m’a remis 
120 propositions. Elles contribuent à alimenter la préparation du projet de loi 
pénitentiaire. Mes services conduisent en ce moment un important travail 
interministériel. 

Le texte de loi sera présenté au Parlement dans le courant du prochain semestre. Je 
peux d’ores et déjà vous indiquer que ce texte réformera en profondeur notre 
système pénitentiaire. Il n’y aura pas de demi-réforme. Il n’y aura pas de demi-
mesure. Ce sera une réforme d’ampleur. 

La prison de demain doit respecter davantage la dignité des personnes 
incarcérées (I). 

Elle doit aussi devenir un lieu où se construit l’avenir des personnes 
incarcérées (II). 

*** 

I – Il faut que la prison respecte davantage la dignité des personnes 
incarcérées. 

La société a besoin de la sanction. La prison est la sanction ultime.
En même temps, la prison est la rencontre de détresses humaines : on y retrouve
souvent des personnes sans repères sociaux, sans travail ni formation. Des
personnes qui souffrent de dépendances ou de maladies.

C’est cela, la réalité de la prison. L’administration pénitentiaire ne gère pas des 
détenus. Elle prend en charge des hommes et des femmes qui accomplissent une 
peine privative de liberté. Leur privation de liberté doit s’effectuer dans le respect de 
leur dignité. 

1) Le budget pour 2008 nous donne les moyens de mieux respecter la dignité 
des personnes incarcérées. 

Le Parlement vient d’adopter le budget de la Justice. C’est un budget ambitieux. Il 
reflète la volonté du Gouvernement de moderniser la Justice. Les crédits 
consacrés à l’administration pénitentiaire progressent de 6,4 % pour atteindre 2,4 
milliards d’euros. 

Vous l’avez entendu depuis ce matin : les prisons françaises souffrent de 
surpopulation et du caractère vétuste de certains établissements. 

Actuellement, plus de 61.000 personnes sont incarcérées pour 50.000 places 
disponibles. Le taux d’occupation dépasse les 120 %. La situation dans les 
établissements d’Outre-mer est encore plus préoccupante. 

Cette surpopulation touche bien évidemment les détenus. Ils souffrent de 
promiscuité. Leur droit à l’intimité ne peut pas toujours être respecté. 

Les personnels des établissements en subissent aussi les effets. Leur travail est plus 
difficile. 

Les tensions avec les détenus sont plus nombreuses. Il faut faire preuve de vigilance 
à chaque instant. 

Cette situation est accentuée dans les établissements les plus anciens. Sur 
l’ensemble de nos établissements, près de 100 ont été construits avant 1912. Ces 
bâtiments ne sont plus adaptés aux exigences actuelles. Ils ne permettent plus 
d’assurer une prise en charge convenable des détenus. Les conditions d’hygiène 
sont insatisfaisantes. 

C’est cette situation qu’a dénoncée le Président Robert Badinter. Il a raison de dire 
qu’elle est alarmante et parfois indigne de notre République. 

Cette situation, nous voulons la changer. 

Le budget prévoit la création de 1.100 postes supplémentaires dans l’administration 
pénitentiaire. Aucune autre administration de l’Etat ne bénéficie d’un tel effort. 

Ces créations de postes contribueront notamment à l’ouverture des nouveaux 
établissements pénitentiaires. 

L’effort financier portera également sur l’immobilier. Sept nouveaux établissements 
ouvriront leurs portes en 2008. Sept autres ouvriront en 2009. 

La question de l’encellulement individuel demeure au coeur de nos 
préoccupations. C’est une question essentielle. Il n’est pas facile d’y répondre. 
L’encellulement individuel permet d’éviter la promiscuité. Il faut savoir aussi que 
beaucoup de détenus ne veulent pas être seuls. Je crois que la réponse à cette 
question doit être pragmatique. Elle passe par la construction de nouvelles places. 
Elle passe aussi par un meilleur accompagnement des détenus. 

C’est pour cela que le Gouvernement a engagé un effort budgétaire significatif. 

Mais créer des places en détention ne changera pas tout. 

2) Respecter la dignité des détenus, c’est aussi leur reconnaître des droits et 
des devoirs. 

La future loi pénitentiaire tiendra compte de cette nécessité. 

Les règles pénitentiaires européennes nous offrent un cadre éthique et une charte 
d’action. Ces 108 règles contiennent des recommandations relatives aux conditions 
de détention des personnes détenues. La plupart d’entres elles sont déjà mises en 
oeuvre par la Direction de l’administration pénitentiaire. 
Je pense par exemple à la création des unités de visite familiale pour le maintien 
des liens familiaux. 

Dans ce cadre européen, l’administration pénitentiaire a mis en place un projet de 
développement des programmes de prévention de la récidive. Ces programmes 
complètent la prise en charge individuelle. Il s’agit de groupes de parole animés par 
des conseillers d’insertion et de probation. Ils aident les délinquants à réfléchir aux 
conséquences de leur conduite criminelle. Ils les amènent à mieux se connaître et à 
mieux se contrôler. Ces programmes permettent aux détenus de mieux reconnaître 
et d’éviter les situations qui précèdent le passage à l'acte. Un million d'euros sera 
consacré en 2008 à la mise en oeuvre expérimentale du dispositif. 

La future loi pénitentiaire permettra d’aller encore plus loin. Des mesures 
concrètes seront prévues. Elles permettront aux personnes privées de liberté de 
bénéficier de droits élémentaires. Les personnes détenues pourront par exemple 
élire domicile à l’établissement pénitentiaire. 

Cela permettra de faciliter les démarches administratives, notamment pour obtenir 
des documents d’identité. 

La loi pénitentiaire permettra d’améliorer la situation des détenus les plus 
démunis. 

Ces mesures concrètes s’accompagneront d’un meilleur contrôle des conditions de 
détention. C’est l’objet de la loi du 30 octobre 2007 instituant un contrôleur général 
des lieux de privation de liberté. Je suis particulièrement fière d’avoir porté ce texte 
devant le Parlement. Il permettra au contrôleur général d’avoir accès aux 6 000 lieux 
de privation de liberté. Il pourra s’assurer du respect des droits fondamentaux des 
personnes. 

Le travail de l’administration pénitentiaire est exemplaire. Il s’effectue dans des 
conditions souvent difficiles. Je souhaite que ce travail s’exerce dans la plus grande 
transparence. Le décret d’application de la loi est aujourd’hui prêt. Nous sommes en 
train de le finaliser avec les autres départements ministériels. La création d’un 
contrôleur général est une grande avancée pour notre pays. 

Comme vous le voyez, la prison se réforme. Il n’y a pas que les conditions de la 
détention qui doivent changer. L’amélioration de la prise en charge des détenus est 
notre objectif. 

*** 

II -La prison doit devenir un lieu où se construit l’avenir des personnes 
incarcérées. 

La prison est un temps d’isolement mais aussi un passage. Il arrive un jour où la 
personne condamnée va sortir de prison. Ce temps doit être utile. Il faut mettre à 
profit le temps de l’incarcération pour préparer le retour à la liberté. 

C’est ainsi que nous pourrons faciliter la réinsertion des détenus et lutter 
efficacement contre la récidive. 

1) Je souhaite tout d’abord que nous développions l’éducation, la formation et le 
travail en prison. Ce sera l’une des priorités de la loi pénitentiaire. 

Cette loi reconnaîtra un véritable droit à l’insertion. Chaque détenu pourra 
bénéficier d’un parcours de mobilisation. Ces parcours offriront une remise à niveau 
scolaire. Ils proposeront également des formations professionnelles. Un repérage 
des détenus non francophones ou illettrés sera également assuré dans les 
établissements. 

Une allocation égale à 15 % du RMI sera versée aux détenus les plus démunis qui 
suivent ces parcours. Toutes ces mesures sont à l’étude. 

S’agissant du travail en détention, il faut le développer. 

Chez certains de nos voisins européens, les détenus ont l’obligation de travailler. 
C’est le cas en Grande-Bretagne et en Allemagne. En pratique, ce n’est pas toujours 
possible. Ce principe se heurte souvent aux contraintes de la détention et aux 
réalités économiques. 

La loi pénitentiaire incitera au travail des détenus. Des conventions seront 
passées entre l’administration pénitentiaire, les établissements et les partenaires. 
Les conditions de travail et de rémunération seront fixées par un acte qui établira un 
lien entre le chef d’établissement et la personne détenue. Nous y travaillons 
actuellement. 

Je souligne à cette occasion le rôle essentiel que jouent les associations en matière 
de formation et d’apprentissage. Leur action complète celle des éducateurs et des 
collectivités locales. Leur concours est précieux. 

2) Nous devons également développer les soins lors de la détention. Il faut que le 
temps passé en prison soit mis à profit pour se soigner. 24 000 détenus seraient 
atteints de troubles psychiatriques ou de dépression. 

La loi du 18 janvier 1994 a été une réforme d’ensemble des soins en détention.
Elle a reconnu aux détenus un accès aux soins. Chaque établissement dispose
d’une unité de consultation et de soins. 26 services régionaux permettent une
prise en charge des pathologies psychiatriques.


La loi d’orientation et de programmation pour la Justice a créé les unités 
hospitalières spécialement aménagées. Elles sont destinées à accueillir, avec ou 
sans leur consentement, les détenus atteints de troubles mentaux. Ce sont des 
unités hospitalières implantées en établissement de santé. Les premières créations 
interviendront en 2009. Les lois du 5 mars 2007 et du 10 août 2007 ont également 
renforcé l’incitation aux soins. 

L’offre de soins en détention a progressé. 

Pourtant, en fin de peine, certains détenus sont encore particulièrement dangereux. 
Nous avons la crainte d’un nouveau passage à l’acte. Plusieurs rapports 
parlementaires se sont succédés sur la question de la dangerosité : le rapport du 
député Jean-Paul Garraud, le rapport des sénateurs Philippe Goujon et Charles 
Gautier. 

Tous ces rapports ont conclu à la nécessité de mettre en place un dispositif 
permettant d’écarter de la société les délinquants les plus dangereux. 

C’est l’objet du projet de loi sur la rétention de sûreté que j’ai présenté mardi à la 
commission des lois de l’Assemblée nationale. Les auteurs de crimes contre les 
enfants pourront être placés en centre fermé lorsqu’ils seront estimés encore 
dangereux : ce sont les centres socio-médico-judiciaire. 

Les personnes y bénéficieront, de façon permanente, d’une prise en charge 
médicale et sociale. Leur situation sera réexaminée chaque année. Quand la 
rétention prendra fin, la personne pourra être soumise à des obligations particulières. 
Elle pourra être placée sous surveillance électronique mobile. Une injonction de 
soins pourra être ordonnée. 
En cas de manquement à ces obligations, la personne pourra faire l’objet d’une 
nouvelle mesure de rétention. C’est un dispositif ambitieux. Il protégera mieux nos 
concitoyens. 

3) Pour préparer l’avenir, il faut enfin mettre en place une politique ambitieuse 
d’aménagement des peines.
Il faut éviter les « sorties sèches ». A l’heure actuelle, 
10 % des personnes condamnées bénéficient d’un aménagement de peine. C’est 39 
% de plus depuis un an. 
2 307 personnes sont placées sous bracelet électronique ; 1 724 personnes sont 
sous le régime de la semi-liberté et 800 en placements extérieurs. Il faut aller plus 
loin. 

Je souhaite notamment développer les libérations conditionnelles. Au cours du 1er 
semestre 2007, le nombre de libérations conditionnelles a augmenté de 6 % (3 113 
contre 2 937 pour la même période de 2006). 

En 2008, le budget du ministère de la Justice consacrera également 5,4 millions 
d’euros au financement des bracelets électroniques fixes ou mobiles. 3 000 
bracelets seront disponibles. 

Le décret du 16 novembre 2007 facilite les aménagements de peine. Il assouplit le 
régime des permissions de sorties pour favoriser la recherche d’un logement ou d’un 
emploi. 

Enfin un million d’euros sera destiné au financement des associations qui 
accueillent des détenus. 
Je salue à cette occasion l’action des associations qui accompagnent les condamnés 
tout au long de la mesure d’aménagement. Elles font un travail formidable. Nous leur 
devons beaucoup. 

*** 

Mesdames et Messieurs, 

Vous le voyez, la prison se réforme. C’est une réalité. Il y a encore beaucoup à faire. 
Vous pouvez compter sur ma détermination pour poursuivre l’effort engagé. 

Je souhaite aussi pouvoir compter sur vous dans cet effort. La réforme des prisons 
ne doit pas être partisane. Elle ne doit pas se heurter à des considérations 
politiciennes. Je serai heureuse qu’elle puisse se faire de façon consensuelle. 

La loi pénitentiaire reflètera la vison que la Nation a de ses prisons. Je souhaite 
qu’un véritable débat national ait lieu. Je souhaite que les parlementaires y prennent 
toute leur place et que les associations s’y expriment. 

Nous sommes à l’aube de grands changements. 

La loi pénitentiaire sera le fondement d’une nouvelle politique pénitentiaire. Elle
façonnera notre conception de la détention pour les années à venir.
Elle sera l’image de la France, protectrice universelle des droits individuels.
C’est un moment important. Ne le manquons pas.
Je vous remercie.

Statistiques sur la population carcérale au 1er avril 2008

Au 1er avril 2008, 63 211 personnes étaient incarcérées en France, ce qui représente une légère hausse (+ 0,1 %)  par rapport au mois précédent (62 586).

Le nombre de personnes prévenues s’élève à 17 466 pour 45 745 personnes condamnées. En avril 2007, on dénombrait 18 226 prévenus ce qui représente unebaisse de 4,2% en un an.

Les mineurs détenus sont 749  au 1er avril 2008 au lieu de 785 un mois plus tôt. Ils  représentent aujourd’hui 1,2 % de la population pénale.

Au 1er avril 2008, 5 783 personnes écrouées bénéficient d’un aménagement de peine (4 470 au 1er avril 2007), avec une progression annuelle de 29,4 %. Aujourd’hui, 11,7 % de l’ensemble des personnes condamnées bénéficient d’un aménagement de peine. 

Les mesures d'aménagement de peine et alternatives à l'incarcération sont en nette hausse : au 1er avril 2008, 865 personnes bénéficient d’une mesure de placement à l’extérieur (contre 778 au 1eravril 2007), 1 894 d’une mesure de semi-liberté (contre 1 603 au 1eravril 2007) et 3 924 d’un placement sous bracelet électronique (contre 2 087 au 1er avril 2007).

LA FUTURE LOI PENITENTIAIRE

La loi pénitentiaire, initialement promise pour l'automne 2007, a été repoussée à maintes reprises et serait peut-être votée à l'automne 2008. Curieusement, l'échéance de l'automne 2007 a pourtant été prétexte à précipiter les travaux du comité d'orientation restreint (COR). Le COR aurait-il été ainsi manipulé ?

Dans l'exposé des motifs du projet, il est affirmé que "la personne détenue conserve l'intégralité de ses droits fondamentaux, sous réserve des restrictions que commandent les impératifs de sécurité des personnes et des établissements pénitentiaires". Autrement dit, d'emblée, il est question de restriction des droits fondamentaux.

Le projet s'organise autour de 5 chapitres : clarifier les missions du service public pénitentiaire, régir la condition juridique de la personne détenue, améliorer la condition des personnels, renforcer la sécurité juridique en élevant au niveau législatif les principes fondamentaux relatifs aux régimes de détention et prévenir la récidive des personnes placées sous main de Justice.

Les missions du service public pénitentiaire sont rappelées. Quelques modifications sont proposées dans le fonctionnement de certains modes de contrôle ou d'intervention extérieure. Les commissions de surveillance seraient supprimées et remplacées, d'une part, au niveau de chaque établissement, par le conseil d'évaluation, censé être plus efficace, et, d'autre part, au niveau départemental, par une commission de suivi des politiques pénitentiaires. La convention signée le 25 janvier 2007 entre le Médiateur de la république et l'administration pénitentiaire, ayant pour objectif la tenue de permanences de délégués du médiateur, dans tous les établissements, serait renforcée par la voie législative.

Le chapitre consacré aux conditions juridiques de la personne détenue est l'occasion d'affirmer que les personnes conservent leurs droits aux prestations sociales, ce qui passe notamment par la possibilité d'être domicilié à l'adresse de l'établissement pénitentiaire. Cette domiciliation est censée favoriser l'inscription sur les listes électorales de la commune où se trouve la prison. Autrement dit, rien de très nouveau : les personnes ne pourront pas plus qu'actuellement voter de façon directe, sauf à bénéficier des dispositions du décret du 16 novembre 2007, permettant de solliciter une permission de sortir à la seule fin d'exercer son droit de vote.

Concernant le travail, il est écrit : "les relations de travail des personnes incarcérées ne font pas l'objet d'un contrat de travail", ce qui est déjà inscrit dans l'article 717-3 du code de procédure pénal (CPP). Un "acte d'engagement professionnel" tiendra lieu de pseudo contrat, mais "il n'autorise pas à se prévaloir des dispositions du code du travail, à l'exception des mesures d'hygiène et de sécurité". Alors même qu'il est clairement dit que la personne détenue conserve l'intégralité de ses droits fondamentaux, elle est traitée, du point de vue de ses relations de travail, selon un régime totalement différent de ce qui se pratique à l'extérieur.

Les propositions en matière de droit au maintien des liens familiaux ne présentent pas davantage d'avancées notoires. Il est rappelé que les parloirs ont lieu sous surveillance et qu'il est possible d'accéder à une unité de visite familiale (UVF) pour les personnes qui ne sont pas éligibles à une permission de sortir. Mais, à ce jour, seulement 7 établissements sur 192 sont dotés d'UVF...

L'accès au téléphone serait certes étendu aux personnes en détention provisoire, mais selon des modalités qui seront définies ultérieurement par décret en conseil d'Etat.

La personne incarcérée a désormais le droit à sa propre image, sur la base d'un consentement éclairé, avec toutefois d'importantes restrictions. L'administration pénitentiaire peut en effet s'opposer à la diffusion de l'image en question.

Il est à noter qu'aucune modification n'est apportée quant à la durée maximale du placement au quartier disciplinaire.

Le personnel pénitentiaire serait désormais guidé dans sa pratique quotidienne par un code de déontologie, comportant notamment l'obligation du respect des droits fondamentaux de la personne. Un agent devrait signaler tout manquement à ces règles. L'agent pourra-t-il signaler le non respect par l'administration de la dignité et de l'intimité de la personne faute de pouvoir placer celle-ci en cellule individuelle ? La loi devrait en outre porter création d'une réserve civile volontaire pénitentiaire.

Le principe de l'encellulement individuel n'est plus posé nettement, puisque l'article 716 du CPP serait ainsi rédigé :"les personnes mises en examen, prévenus et accusés sont placés au régime de l'emprisonnement de jour et de nuit, soit en cellule individuelle, soit en cellule collective [...]. Les personnes mises en examen, prévenus ou accusés qui en font la demande sont placés en cellule individuelle".

Il est proposé un certain nombre de dispositions pour favoriser le recours aux alternatives à la détention provisoire et aux aménagements des peines privatives de liberté. L'assignation à résidence avec surveillance électronique serait possible lorsque la personne encourt une peine d'emprisonnement d'au moins 2 ans. Des mesures de ce type existent déjà (le contrôle judiciaire sous le régime du placement sous surveillance électronique fixe, instauré par la loi du 9 septembre 2002 d'orientation et de programmation pour la justice) mais sont sous utilisées, faute de moyens. Les alternatives à l'incarcération et les aménagements de peine prononcés au moment du jugement seraient possibles pour des peines allant jusqu'à 2 ans, au lieu d'1 an actuellement. Si cette disposition n'est pas elle aussi accompagnée de moyens, elle risque de rester lettre morte.

Ban Public estime très insuffisantes les avancées proposées dans le cadre du projet de loi pénitentiaire. En outre, le texte est un véritable recul sur certains points, comme le droit à l'encellulement individuel. Il ne peut y avoir deux types de normes, selon que les personnes sont des citoyens incarcérés ou des citoyens libres. Les citoyens de la "société libre" eux-mêmes subissent des limitations à leur liberté, des "ingérences" selon la terminologie de la Convention européenne des droits de l'homme, fondées sur les nécessités de l'ordre public. Ces ingérences doivent être identiques pour les personnes incarcérées et pour les personnes libres. Le droit commun doit être appliqué dans toutes ses déclinaisons (droit du travail, droit de la famille par exemple), à tous.

La rédaction de Ban Public - Juin 2008 -  http://www.prison.eu.org/

Des prisons pleines à craquer

Par Ceaux Pascal, 25/06/2008       LEXPRESS.fr  

Plus de 63 800 détenus pour... 50 756 places : la surpopulation carcérale atteint des sommets. Un dossier qui met la France en position difficile sur le plan juridique. Et une source de tension croissante dans les établissements.

Le courrier vient du centre de détention de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne). L'Observatoire international des prisons (OIP), une association d'aide aux détenus créée en 1990, dit en recevoir de plus en plus du même genre. L'auteur ? Un homme condamné à six ans de réclusion, et incarcéré depuis deux ans. Il s'indigne des « conditions de détention inadmissibles et inhumaines », dont il désigne le principal responsable : la surpopulation. « Certains, affirme-t-il, se retrouvent à dormir avec un matelas au sol. » L'affluence dans les cellules a aussi des conséquences sur la vie quotidienne. « Pas de travail, une seule formation intéressante, activités inexistantes, aucune aide à la réinsertion », dénonce-t-il.

Ce tableau noir n'a rien d'une surprise. Les prisons françaises viennent en effet de battre un record : elles n'ont jamais été aussi surpeuplées. Plus de 63 800 personnes y sont incarcérées, pour 50 756 places. Les détenus en attente de jugement et les condamnés à de courtes peines sont les premières victimes de cette inflation carcérale. Du coup, la tension monte dans les établissements, et alimente la crainte des personnels. « On en est arrivé à un point où tous les matins on se demande si la journée va bien se passer, assure Christophe Marques, secrétaire général du syndicat FO-Pénitentiaire. Depuis le début de l'année, il y a eu plus de 300 agressions contre des surveillants. »

« On ne peut pas nier l'augmentation de la population pénale depuis octobre 2006, confirme à L'Express le préfet Claude d'Harcourt, directeur de l'Administration pénitentiaire (AP). Elle précède de plusieurs mois l'élection présidentielle. Les explications sont multiples : je ne les ai pas. Cela s'était déjà produit en 2002. » Mais le préfet avance aussitôt d'autres statistiques et vante les efforts des derniers mois. Au 1er avril, 18 établissements étaient affectés d'un taux de surpopulation de 200 %. Au 1er juin, ils n'étaient plus que 13. Claude d'Harcourt insiste aussi sur une autre procédure lancée par ses services : l'AP vient d'obtenir une certification de qualité délivrée par un organisme indépendant à la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône (Rhône). Elle récompense notamment les efforts faits en faveur des conditions d'accueil des arrivants.

Autre point positif : un programme de construction de nouveaux établissements est en cours. Il mobilise une part importante des investissements du ministère de la Justice. D'ici à 2011, 22 prisons auront été bâties, capables d'accueillir environ 10 000 détenus supplémentaires. Sauf que, dans le même temps, 16 maisons d'arrêt jugées trop vétustes (Mont-de-Marsan, Bourg-en-Bresse, Nancy, Le Mans, etc.) fermeront. Plus de places, moins de prisons dégradées (sur les 192 actuelles, 93 ont été construites avant 1900)... Malgré tout, les perspectives ne sont pas spécialement encourageantes. Selon les propres estimations de l'AP, 80 000 personnes seront détenues en France (pour 63 000 places) à l'horizon 2017.

La solution ? Multiplier les alternatives à la prison

Le sujet est d'autant plus sensible que les prisons font désormais l'objet d'une vigilance accrue, comme l'illustre le cas de Christian D., détenu pendant quatre ans à la maison d'arrêt de Rouen (Seine-Maritime). Le 27 mars, le tribunal administratif de la ville a rendu une décision inédite : il a condamné l'Etat à lui verser 3 000 euros en raison de ses conditions de détention. Les juges précisent : « M. D. est fondé à soutenir qu'il a été incarcéré dans des conditions n'assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine [...]. Ces manquements constituent un comportement fautif de nature à engager la responsabilité de l'Administration pénitentiaire. »

Christian D. a vécu dans une hygiène et une salubrité non conformes, partageant avec deux autres détenus une cellule de 10 à 12 mètres carrés , alors que le Comité pour la prévention de la torture, une organisation issue du Conseil de l'Europe, a fixé la norme à 7 mètres carrés par personne. Les toilettes, dépourvues de ventilation, étaient situées à proximité immédiate du lieu de prise des repas. L'avocat de Christian D., Me Etienne Noël, spécialisé dans ce genre d'action en justice, déplore le fait que « peu de détenus entament de telles procédures ». Mais si, à l'automne, l'appel de l'Etat est rejeté, d'autres requêtes pourraient venir.

L'Europe, elle aussi, a souvent rappelé la France à l'ordre. En 2005, le commissaire européen aux Droits de l'homme, l'Espagnol Alvaro Gil-Robles, avait émaillé sa tournée des établissements français de vifs reproches, qualifiant notamment la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille, d'« endroit répugnant ». Un rapport très critique avait été publié l'année suivante. La Cour européenne des droits de l'homme a quant à elle condamné la France à diverses reprises. L'un de ces dossiers concerne le sort réservé à un paraplégique. Handicapé depuis 1989 à la suite d'un accident de la route, il est condamné en 2005 à dix ans de réclusion. Il est transféré dans plusieurs établissements : aucun n'est aménagé pour accueillir une personne en fauteuil roulant.

A l'échelle de l'Union européenne, le problème de la surpopulation est également considéré comme crucial. Surtout depuis l'entrée en application, le 11 janvier 2006, des 108 nouvelles règles pénitentiaires européennes. La 18.5 est sans ambiguïté : « Chaque détenu doit en principe être logé pendant la nuit dans une cellule individuelle, sauf lorsqu'il est considéré comme préférable pour lui qu'il cohabite avec d'autres détenus. » Or cette règle n'est aujourd'hui pas applicable en France, alors même qu'elle avait été inscrite dans une loi votée en 2000 dont l'application a déjà été reportée à deux reprises.

Pour s'attaquer au problème, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a fait paraître, le 12 juin, un décret donnant droit à chaque prévenu qui en fait la demande d'être seul en cellule. En clair, la chancellerie veut supprimer les cellules surpeuplées de personnes en attente de leur jugement. Mais les représentants des surveillants et des magistrats doutent de la mise en oeuvre de cette mesure. Ils sont d'autant plus sceptiques que la politique récente de la ministre a eu pour effet d'augmenter la population pénale.

L'exemple le plus frappant est celui des peines planchers. Ce dispositif, voté en 2007, instaure des peines minimales dès la première récidive de toute infraction passible d'au moins trois ans d'emprisonnement. « Il faut faire attention, avertit le président de l'Union syndicale des magistrats (USM), Bruno Thouzelier. Car la surpopulation carcérale est la première cause de la récidive. »

« Nous allons développer les aménagements de peine », promet Claude d'Harcourt. Ainsi, le recours au bracelet électronique connaît une croissance continue. « Le système est efficace et sécurisé », assure le préfet. Il épargne à son bénéficiaire la prison, tout en permettant une surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. A ce jour, 3 267 bracelets sont en circulation, contre 2 700 à la fin de 2007. Le gouvernement souhaite étendre leur usage à certains prévenus en attente de jugement, et à des détenus dont le reliquat de peine ne dépasse pas deux ans.

Multiplier les alternatives à la prison... Pour Patrick Marest, porte-parole de l'OIP, il n'y a pas d'autre solution : « On peut diminuer le nombre des détenus, par les bracelets, les travaux d'intérêt général, l'aménagement systématique des courtes peines. Avec ces mesures, je vous garantis qu'en un an le problème de l'encellulement individuel sera réglé. » Sauf que la politique s'invite dans le débat : comment un gouvernement qui a fait de la sécurité l'une de ses priorités peut-il, dans le même temps, désengorger les prisons ? Une réunion de travail européenne est prévue le 11 juillet à Paris. Les responsables de l'AP de six pays de l'Union y sont conviés. Au programme ? Le fonctionnement des détentions et... la surpopulation.

 

Menacés de sanctions pour avoir informé des détenus

Ils avaient voulu informer des détenus sur leur droit à une cellule individuelle : ils ont reçu des menaces de sanctions. S'il faut en croire la CGT-pénitentiaire, c'est la mésaventure qu'ont connue récemment des travailleurs sociaux pénitentiaires de la maison d'arrêt de Villepinte.

Ces conseillers d'insertion et de probation (CIP), chargés du suivi et de la réinsertion des détenus, avaient voulu envoyer aux prisonniers des "lettres individuelles" mentionnant "la possibilité" de demander à être seul en cellule, comme les y autorise un décret du 10 juin de la ministre de la Justice Rachida Dati, a indiqué la CGT dans un communiqué. Selon ce texte, l'encellulement individuel est possible à la demande d'un détenu en attente de jugement, quitte à ce qu'il soit transféré si la maison d'arrêt où il est placé ne peut l'isoler. Une circulaire devrait prochainement préciser les modalités de mise en oeuvre de cette disposition.

"Troubles graves à l'ordre public et à la sécurité"

"Dès que la direction de l'établissement pénitentiaire a été mise au courant, les courriers ont été interceptés immédiatement et les travailleurs sociaux menacés de sanctions disciplinaires graves sous prétexte de troubles graves à l'ordre public et à la sécurité", raconte le syndicat. Et la CGT-pénitentiaire s'offusque : "Comment est-il possible qu'un décret venant en application d'une loi puisse porter atteinte à la sécurité ? Les dispositions de Mme Dati ne seraient-elles que des effets d'annonce inapplicables ?".

Pour sa part, le directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris, Jean-Charles Toulouze, explique que l'initiative des fonctionnaires n'était "pas condamnable sur le principe" mais qu'il leur était reproché d'avoir mis leur direction "devant le fait accompli", "sans avoir informé personne". Jean-Charles Toulouze a assuré néanmoins "qu'aucune suite disciplinaire" ne serait donnée à cette affaire. Selon lui, "une dizaine de demandes" de détenus voulant bénéficier du décret sur l'encellulement individuel ont d'ores et déjà été reçues en région parisienne.

LCI.fr - 25.06.2008

Les prisons débordent
Les gardiens manifestent contre le projet de loi pénitentiaire. Ils dénoncent le manque de moyens et s'inquiètent de la surpopulation carcérale... (Vendredi 20 juin 2008 à 10h00)

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Surpopulation carcérale. Du mieux à Rennes en 2009

Après deux ans de travaux, la nouvelle prison de Rennes entrera en service l’an prochain. Avec ses quelque 700 places, elle remplacera Jacques-Cartier et ses cellules surchargées.

Deux miradors en béton, l’un de 8 m, l’autre de 19 m, dominent maintenant le paysage dans la commune de Vézin-le-Coquet (35), à l’ouest de Rennes. C’est au cœur de cette zone industrielle que le nouveau centre pénitentiaire, amené à remplacer la vétuste prison Jacques-Cartier, doit entrer en service à la fin de l’année 2009. Le gros œuvre terminé, les travaux entrent aujourd’hui dans leur dernière phase mais la maison d’arrêt, destinée aux prévenus en attente d’être jugés, et le centre de détention, pour les hommes condamnés, sont déjà sortis de terre. En tout, 600 places auxquelles s’ajoutent une aile de trente places réservée aux mineurs et le service médico-psychiatrique régional pouvant accueillir trente autres prisonniers. De quoi répondre au problème de surpopulation carcérale à Rennes. « Aujourd’hui, la prison Jacques-Cartier héberge 500 détenus pour seulement 300 places. Nous allons revenir à une situation d’un homme, une place », souligne Alain Jégo, directeur régional des services pénitentiaires.
 
Mais le cas rennais n’est pas isolé. Les prisons de la région Ouest affichent, en moyenne, un taux d’occupation de 170 %. Ce nouvel établissement prend donc place dans un plan plus vaste de restructuration : des chantiers sont en cours à Alençon, Le Mans et Nantes et déboucheront sur la création de 1.200 nouvelles places à l’horizon 2012. Cette nouvelle carte pénitentiaire devrait s’accompagner, pour les prisonniers, d’une sensible amélioration des conditions de vie. À Rennes, 80 % des cellules seront individuelles et comporteront une douche et des toilettes, pour une superficie de 10 m². Les visites des familles seront également facilitées par la présence de trois unités de vie familiale : des petits appartements où les détenus pourront passer plusieurs heures en compagnie de leur femme et de leurs enfants. Enfin, les espaces de promenade seront plus nombreux et plus grands qu’à la prison Jacques-Cartier. « On pourra ainsi faire sortir les détenus en petit groupe, ce qui nous permettra de mieux maîtriser les phénomènes de violence », estime Jérôme Harmois, nouveau directeur du centre pénitentiaire rennais. Quant à l’ancienne prison, située en centre-ville, elle ne devrait pas totalement disparaître. Une fois ses détenus transférés au début de l’année 2010, elle pourrait accueillir les locaux du service d’insertion et de probation ainsi qu’un quartier de 50 places pour les personnes placées sous le régime de la semi-liberté.
Alexandre Charrier (Le Télégramme.com)

 

Le projet de loi pénitentiaire présenté dans un contexte de surpopulation carcérale

Le projet de loi pénitentiaire, un des grands chantiers de la garde des Sceaux Rachida Dati, arrive lundi sur la table du Conseil des ministres, suscitant à la fois beaucoup d'attente dans un contexte de surpopulation carcérale record et de critiques sur son manque d'ambition.

Engagement de campagne de Nicolas Sarkozy, le texte vise à mettre la France en conformité avec la réglementation européenne sur les droits des détenus.

Une des mesures-phares est le développement des alternatives à l'incarcération pour les personnes en attente de jugement et les condamnés à de courtes peines.

Cela passe par une généralisation du bracelet électronique avec assignation à domicile, qui existe depuis 1997: elle sera "ordonnée" quand les peines sont inférieures ou égales à 6 mois. Le temps passé sous bracelet sera désormais décompté de la durée de la peine en cas de condamnation. Les aménagements de peine (semi-liberté, travaux d'intérêt général...) seront étendus aux condamnés à 2 ans de prison, au lieu d'un an aujourd'hui.

Consulté pour avis, le Conseil d'Etat a retouché partiellement le projet, estimant que certaines disposition relevaient davantage du décret que de la loi et en scindant certains articles afin de mieux en détailler le contenu.

Le texte de 28 pages présenté lundi comporte désormais 57 articles, au lieu des 48 initiaux.

Ce projet, salué comme une "belle loi" par le vice-président du Conseil d'Etat Jean-Marc Sauvé, est très attendu au moment où les prisons françaises battent record sur record de surpopulation.

On a atteint au 1er juillet le pic historique de 64.250 détenus pour 50.806 places dans les quelque 200 prisons françaises, soit un taux de surpopulation supérieur à 126%.

Dans les cellules surpeuplées, il n'est pas rare de trouver des détenus obligés de dormir sur des matelas à même le sol. Ils sont 1.700 dans ce cas selon le principal syndicat de surveillants, l'Ufap, 900 d'après la direction de l'administration pénitentiaire.

Les syndicats se plaignent d'un climat estival tendu, en l'absence de grâce du 14 juillet, pour la deuxième année consécutive, un principe auquel Nicolas Sarkozy s'est dit opposé dès son arrivée à l'Elysée.

Christophe Marquès, numéro un de FO-pénitentiaire, dit craindre "pour la sécurité des personnels et des détenus". Des surveillants ont manifesté mardi devant la maison d'arrêt de Seysses (Haute-Garonne) où l'un des 800 détenus, pour 600 places, a écopé mercredi de 3 ans de prison ferme pour l'agression de deux gardiens, le 5 juillet. "Il n'y a pas une journée où il ne se passe quelque chose", selon Geneviève Raoult, de l'Unsa-justice, organisation à laquelle est affiliée l'Ufap.

Les syndicats soutiennent le développement des alternatives à l'incarcération pour désemplir les prisons, mais sont très dubitatifs sur sa mise en oeuvre. "Il n'y a pas aujourd'hui les moyens, en personnel notamment, de rendre ces mesures effectives rapidement", affirme Céline Verzeletti, de la CGT-pénitentiaire.

Les organisations syndicales reprochent surtout un manque d'ambition au projet qui, aux yeux de Jean-François Forget, de l'Ufap, se résume à "un toilettage" de mesures déjà existantes et n'est pas à la hauteur de la situation d'urgence dans les prisons.

Le texte devrait débuter son parcours parlementaire en octobre au Sénat.

Le PS a qualifié lundi le projet de loi de "fade", jugeant qu'il provoque une "grande déception".

"Pour les députés socialistes, une loi pénitentiaire doit avoir pour ambition de ramener l'univers carcéral dans le droit commun", en le dotant de "normes de qualité accessibles, précises et prévisibles" a relevé Jean-Jacques Urvoas, vice-président du groupe PS à l'Assemblée nationale chargé de la politique pénale dans un communiqué.

Or, déplore-t-il, "le champ de la réflexion a été principalement limité à des propositions sur les conditions de détention et les alternatives à l'incarcération".

"Et même dans ce domaine, la déception est grande", selon le député. Le texte "se contente de reproduire certaines des règles pénitentiaires européennes en prenant toujours le soin de prévoir des dérogations à leur application", dit-il.

Enfin, le PS note que "la mesure phare" visant à lutter contre la détention provisoire - l'assignation à résidence sous bracelet électronique - "existe depuis plusieurs années, mais se heurte à des difficultés techniques de mise en oeuvre".

(AOL Actualité - 30 juillet 2008)

Préfet Jacques Gérault : “Je m'engage à sortir 50 détenus de prison” 

Interview. Le préfet du Rhône a profité de la présence à Lyon de la garde des sceaux, Rachida Dati, pour lui faire la promotion de son opération de “chantiers de réinsertion”, destinés aux personnes incarcérées. Il nous donne le détail de ce programme expérimental et, déjà, son premier bilan.

Lyon Capitale : Vous avez déclaré être en mesure de faire vivre en dehors de la prison plusieurs dizaines de détenus, dans le cadre d'un travail et d'un logement…
Jacques Gérault :
Tout à fait. Il faut savoir qu'une expérimentation a été lancée en octobre dernier grâce à la participation active du procureur général, du premier président de la cour d'appel et des juges d'application des peines, mais réellement mise en oeuvre en janvier 2008. A titre expérimental, j'ai obtenu des crédits pour le logement de quinze places et treize détenus ont pu sortir de prison. Logés dans des centres d'hébergement et de réinsertion sociale, ils ont tous travaillé dans le cadre d'un CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi), sans bracelet électronique, sous l'égide du Service Pénitentiaire d‘Insertion et de Probation. La plupart d'entre eux sont intégrés dans des services d'entretien des espaces verts des mairies, des HCL et de la police nationale.

Qui a pu béneficier de ces aménagements de peine ?
Il s'agissait de détenus en fin de peine, qui n'avaient plus que six mois à faire environ. Dans le programme lancé en janvier, il n'y en a eu qu'une femme sur treize détenus. Et malheureusement, elle n'est pas allée jusqu'au bout. Mais j'aimerais beaucoup que la parité s'exerce aussi dans le domaine de la réinsertion. Et la balle est dans le camp des juges d'application des peines.


Pouvez-vous déjà dresser un bilan?
Oui, deux d'entre eux n'ont pas respecté les conditions imposées et ont dû être réincarcérés, mais les onze autres ont donné entière satisfaction, notamment auprès de leurs employeurs. L'une de ces personnes a même travaillé à un poste de carossier au sein de la police nationale, à Lyon. Cela veut bien dire que c'est possible. J'ai sollicité de nombreux maires de bords politiques différents, Lyon, Meyzieux, Villefranche, ou encore Vénissieux, et tous ont accepté de jouer le jeu et d'accueillir ces personnes à des postes au sein de leur collectivité. Je connais par ailleurs plusieurs chefs d'entreprises qui seraient prêts aussi à les employer.


Quel est l'objectif visé?
Quand on voit l'état de vétusté des prisons telles que Saint-Paul et Saint-Joseph, on ne peut pas laisser les prisonniers vivre dans de telles conditions de promiscuité. Il faut désengorger les prisons, et réinsérer les détenus non multirécidivistes par une formation adaptée, dans la perspective d'un emploi. Il faut aller au bout de ce pari, c'est pourquoi j'ai sciemment suggéré une plus fréquente utilisation du bracelet électronique devant Madame Dati.


A partir de quand l'opération pourra-t-elle prendre un aspect moins expérimental?
Je me suis engagé auprès de la ministre à sortir cinquante détenus de prison, dès le début de l'automne prochain. Mais le but est d'en sortir soixante-quinze, et pourquoi pas cent. Le Docteur Lamotte, psychologue en milieu pénitentiaire, m'avait assuré que 100 détenus sur les 690 que contenait la prison Saint-Paul au moment de notre entretien étaient capables de suivre ce programme. Est-ce qu'on n'a pas intérêt à donner leur chance à ces jeunes, dès lors qu'ils la saisissent?

Propos recueillis par Dalya Daoud - LyonCapitale.fr     29.07.08

 

Meurtre en prison

Ne craignons pas de le répéter : les prisons françaises sont un scandale de la République. Un scandale dont les pouvoirs publics semblent s'accommoder, en dépit de multiples commissions d'enquête et des mises en garde incessantes sur les dangers de la surpopulation carcérale. Le meurtre d'un jeune homme, égorgé par son codétenu à la maison d'arrêt de Rouen, dans la nuit du 10 au 11 septembre 2008, en témoigne une nouvelle fois.

Qu'on en juge. Un garçon de 26 ans, qui encourait une peine légère (récidive de conduite en état d'ébriété et port d'armes blanches), a été mis en cellule avec un homme impliqué dans une affaire d'homicide, atteint de troubles du comportement et qui avait été placé à l'isolement en raison d'un comportement agressif envers ses codétenus. Malgré ses antécédents et sa dangerosité, la principale prise en charge de ce détenu a consisté à le placer dans le huis clos d'une cellule avec un autre jeune homme, qui est devenu sa victime. Le fait que le malheureux ait été d'accord ne change rien à l'affaire.

Il faut le redire. La peine subie par un condamné est l'enfermement, la privation de liberté. Dans une démocratie moderne, les autres droits d'un détenu, et d'abord celui à son intégrité physique, doivent être garantis par l'Etat. Les prisons ne doivent être ni un pourrissoir ni un endroit où un délinquant mineur peut être mis au contact de criminels. Et encore moins risquer sa vie dans un lieu qui, plus que d'autres, est placé sous la responsabilité de l'Etat.

Il faudrait le rappeler à la ministre de la justice, qui semble l'ignorer. Le 29 août, lors d'une visite à la prison de Metz-Queuleu, Rachida Dati a répondu avec une étonnante désinvolture à un détenu qui se plaignait du manque d'intimité en cellule : "Tenez-vous à carreau et vous serez chez vous, libre, avec une chambre et des toilettes séparées. La prison ce n'est pas l'hôtel." Mme Dati n'ignore sans doute pas que le meurtre de Rouen porte à trois le nombre de détenus décédés de mort violente depuis le début de l'année dans les prisons françaises. Pour reprendre l'expression qu'elle a jugé bon d'utiliser : à la prison de Rouen, dans la nuit du 10 au 11 septembre, assurément, ce n'était pas l'hôtel.

Comment rendre (enfin) la prison utile

« L’âme qui n’a point de but établi se perd », écrivait Montaigne. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’on vit enfermé entre les murs d’une prison. Pour un détenu, il n’est pas pire ennemi que l’absence de perspectives - si ce n’est celle d’être, une fois sorti, à nouveau condamné et enfermé. Or, en France, comme l’indique un taux de récidive élevé, la prison ne remplit pas son rôle de réinsertion.
Cela est spécialement vrai s’agissant des jeunes gens condamnés à de courtes peines : leur passage en prison, loin d’être bénéfique, se révèle souvent catastrophique.
C’est à eux que le groupe de travail Prison de l’Institut Montaigne a souhaité consacrer ce rapport. Après avoir pointé dans le détail les faiblesses de l’institution carcérale, il formule quinze propositions pour limiter les risques de rechute et  réparer au mieux ces détenus,pendant qu’ils purgent leur peine, à un retour réussi à la vie « normale ». Si cet objectif était atteint, notre société serait plus juste, et plus sûre.

Le rapport est téléchargeble gratuitement :

http://www.institutmontaigne.org/comment-rendre-la-prison-(enfin)-utile-2980.html

Septembre 2008

 

Rouen/Mamère "insalubrité" de la prison

Source : AFP   06/10/2008 

Le député Verts de Gironde Noël Mamère a dénoncé aujourd'hui "l'insalubrité" et "les conditions dégradantes" qui règnent selon lui à la maison d'arrêt de Rouen, après une visite dans cet établissement où un détenu a été tué le 10 septembre par un autre détenu.

Le parlementaire a notamment souligné "le taux extrêmement élevé de suicides", "l'absence souvent de cloisonnement" ou encore "la mauvaise qualité de la nourriture" dans cet établissement.

Noël Mamère a en particulier insisté sur la "surpopulation carcérale" qui n'est pas propre toutefois, selon lui, à la maison d'arrêt de Rouen où sont incarcérés 731 détenus dans 350 cellules.

"Chaque jour on arrache une page du code du travail pour en rajouter une dans le code pénal", a-t-il dit en visant la politique du gouvernement.

Disant faire son "devoir de député", il s'est toutefois félicité de l'accueil du directeur de l'établissement qui lui a permis de discuter "seul à seul" avec quelques détenus.

Un détenu incarcéré pour un délit routier a été tué le 10 septembre avec des bris de miroir brisé dans cette maison d'arrêt par son co-détenu. Le meurtrier avait été placé la veille dans la cellule de la victime parce que l'administration ne voulait pas le laisser seul après une tentative de suicide.

 

Quatrième suicide à la Maison d'arrêt de Metz

Un adolescent de 16 ans, détenu au quartier des mineurs de la maison d'arrêt de Metz-Queuleu, s'est suicidé dans la nuit de lundi à mardi. Le jeune détenu, qui s'est pendu vers 21h30 dans sa cellule, avait été condamné le 17 septembre à six mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants, a précisé le procureur de Metz, Rémi Heitz. Une enquête administrative a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame.

Il s'agit du quatrième suicide d'un détenu à Metz-Queuleu depuis le début de l'année, a ajouté le procureur. Le dernier suicide au centre pénitentiaire messin remontait au 3 juin. Un détenu de 27 ans s'était donné la mort alors qu'il se trouvait au service médical. Condamné en décembre 2006 à 19 ans de réclusion criminelle pour avoir tenté de poignarder un contrôleur de la SNCF en gare de Metz en 2004, l'homme attendait d'être rejugé par la cour d'assises d'appel de Meurthe-et-Moselle.

Quelque 550 prisonniers sont écroués à Metz-Queuleu alors que l'établissement à une capacité théorique de 448 places.


20Minutes.fr, éditions du 08/10/2008 - 12h21

 

Population carcérale stable en novembre

AP | 19.12.2008 | 18:18

Le nombre de personnes incarcérées en France au 1er décembre a baissé de 0,2% par rapport au 1er novembre, passant de 63.750 à 63.619 détenus, selon les données fournies vendredi par l'Administration pénitentiaire.

Le nombre de prévenus, personnes en attente de jugement, et celui de condamnés s'élèvent respectivement à 16.793 et 46.826. Les mineurs détenus sont au nombre de 678 contre 673 au 1er novembre et représentent environ 1,1% des personnes incarcérées, soit une donnée stable par rapport aux mois précédents, souligne l'Administration pénitentiaire dans un communiqué.

A ce nombre de détenus, il faut ajouter les 6.284 personnes bénéficiant d'un aménagement de peine (902 mesures de placement à l'extérieur, 1.813 mesures de semi-liberté et 3.569 placements sous bracelet électronique) avec une progression annuelle de 21,3%, se félicite l'Administration pénitentiaire. AP

 

Une autre loi pour tenter de mettre fin au scandale de l'univers carcéral français

En pleine crise aggravée des prisons françaises, le projet de loi pénitentiaire arrive en discussion. Le Sénat examine, à partir du mardi 3 mars, ce texte promis depuis plus de dix-huit mois par le gouvernement et qui devait constituer un contrepoint aux lois répressives sur les peines planchers ou la rétention de sûreté.

Au cours des dernières semaines, un détenu a été tué par un de ses codétenus à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), deux condamnés se sont évadés de la maison centrale de Moulins (Allier), des surveillants ont été contaminés par les germes de la tuberculose à Moulins et à Villepinte (Seine-Saint-Denis). En 2008, le nombre des suicides est reparti à la hausse et la surpopulation a atteint des niveaux record. Depuis 2002, le nombre de personnes détenues a augmenté de 25 %, pour atteindre 62 744, le 1er février.

Le projet de loi veut renforcer les droits des détenus (téléphone, travail, vie familiale) et développer les aménagements de peine et le bracelet électronique pour lutter contre la surpopulation carcérale. La commission des lois du Sénat a considérablement remanié le texte du gouvernement, qui a suscité une grande déception.

C'est la version du Sénat qui est examinée. Elle réaffirme dans un préambule le principe du sens de la peine : "Le régime d'exécution de la peine de privation de liberté concilie la protection effective de la société, la sanction du condamné et les intérêts de la victime avec la nécessité de préparer la personne détenue à sa réinsertion afin de lui permettre de mener une vie responsable et exempte d'infractions."

Dans un même souci humaniste, les sénateurs ont remplacé à plusieurs reprises, dans le texte gouvernemental, le mot "détenu" par l'expression "personne détenue". La commission des affaires sociales du Sénat a proposé plusieurs amendements, notamment sur les questions de la santé en prison, l'un des principaux points faibles du texte. Le gouvernement entend lors des débats revenir à son texte originel sur plusieurs points cruciaux.

L'encellulement individuel. Tout en introduisant un nouveau moratoire de cinq ans pour son application, le Sénat rétablit le principe de l'encellulement individuel - un prisonnier par cellule. Le principe vaut sauf si les personnes font une demande contraire ou si "leur personnalité justifie dans leur intérêt qu'ils ne soient pas laissés seuls". Le Sénat s'oppose ainsi à la "banalisation juridique de l'encellulement collectif", telle que la propose le gouvernement.

L'objectif, fixé par la loi depuis 1875, n'a jamais été atteint. En 2000, les parlementaires l'avaient rendu obligatoire pour les prévenus en détention provisoire, en l'assortissant d'un moratoire. Celui-ci a été renouvelé depuis, en raison de la surpopulation carcérale. Le rapporteur de la commission des lois, Jean-René Lecerf, s'étonne que le plan de création de 13 200 places de prison, décidé en 2004, prévoit qu'un tiers des cellules soit des cellules doubles : pour lui, cette proportion va "au-delà de la mesure raisonnable".

La commission des affaires sociales propose "d'interdire l'incarcération d'un nouveau détenu dans un établissement ayant un taux d'occupation supérieur à 120 % de ses capacités".

Dans son projet, et dans l'amendement qu'il a déposé, le ministère de la justice propose de laisser le choix entre encellulement individuel et collectif. Mais compte tenu de la surpopulation des maisons d'arrêt, qui ont une densité moyenne de 136 %, le choix sera, en pratique, très limité.

Le "parcours d'exécution des peines". Pour l'administration pénitentiaire, il s'agit d'un des points clés du projet. Le "parcours d'exécution des peines" est censé donner davantage de sens à la peine en impliquant le condamné dans son déroulé. Le contrôleur général des lieux privatifs de liberté a cependant mis en garde dans son premier rapport sur les risques d'un "tri" entre les condamnés coopératifs et les autres. L'administration veut aussi mettre en place des régimes différenciés de détention en fonction de la personnalité et de la dangerosité des condamnés. La commission des lois du Sénat y est favorable car "il n'est pas équitable d'appliquer à l'ensemble des détenus des règles de sûreté qui ne sont justifiées que pour une minorité d'entre eux". Mais ce dispositif inquiète l'Observatoire international des prisons (OIP). L'association craint que cela ne facilite le durcissement des conditions des détenus qui seraient en délicatesse avec l'administration. Le Sénat propose que le passage à un régime plus dur soit motivé. Le gouvernement s'y oppose.

Le régime disciplinaire. Le Sénat limite à 30 jours le placement en quartier disciplinaire, au lieu de 45 aujourd'hui et de 40 dans le texte du gouvernement. Cette durée maximum est de 15 jours dans de nombreux pays européens. Le Sénat propose la présence d'un membre extérieur à l'administration pénitentiaire lors de la décision. Il souhaite aussi permettre à un détenu placé à l'isolement de saisir le juge administratif en référé, ce à quoi s'oppose le gouvernement. Les sénateurs tentent en outre de réglementer le régime des fouilles, régulièrement dénoncées comme "humiliantes" par les instances de contrôle des prisons. Ils souhaitent limiter le recours aux fouilles intégrales (à nu) et encore plus la fouille corporelle (anale), pour laquelle la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme.

Pour le sénateur socialiste Alain Anziani, le projet de loi aurait pu s'inspirer davantage des règles pénitentiaires européennes, édictées par le Conseil de l'Europe et régulièrement invoquées par le ministère de la justice. M. Anziani dénonce "le paradoxe entre une loi pénale qui emplit les prisons et une loi pénitentiaire qui veut les vider".

Alain Salles

 

URGENCE PRISON

Mieux vaut tard que jamais : il aura fallu attendre plus de dix-huit mois pour que la réforme promise du système pénitentiaire arrive enfin devant le Parlement. Le texte qui sera débattu, à partir du mardi 3 mars, au Sénat, devait être examiné en septembre 2008.

Le gouvernement le réinscrit six mois plus tard et demande... l'urgence. Il y a urgence en effet, non à cause du prochain départ de Rachida Dati, la garde des sceaux, mais parce qu'il faut enfin changer une condition carcérale que le Sénat qualifiait, en 2000, d'"humiliation pour la République".

Voilà bien longtemps que la République a oublié les missions assignées par la Révolution au système carcéral - punir certes mais aussi amender le condamné - et que les prisons confirment l'image utilisée d'un monde "régi par du sous-droit", selon la formule de Guy Canivet, l'ancien président de la Cour de cassation. La surpopulation carcérale bat des records : 62 744 détenus au 1er février. Depuis 2002, la hausse est de 25 %. La prison est plus que jamais ce "noviciat de la récidive", dont parlait Alexis de Tocqueville, alors que le gouvernement prétend combattre la récidive en développant l'enfermement.

Grâce à la réforme de la Constitution, c'est sur le texte de la commission des lois, et non sur celui du gouvernement, que les sénateurs vont débattre. Le Sénat a introduit ainsi des améliorations à la copie de Mme Dati, avec le louable souci de "préparer la personne détenue à sa réinsertion afin de lui permettre de mener une vie responsable et exempte d'infractions". Sur le papier, il y a d'apparents progrès sur le renforcement des droits des détenus, le développement des aménagements de peine et la réglementation du régime des fouilles.

Mais la réforme est bien timide. Elle rétablit par exemple le principe de l'encellulement individuel, prévu depuis... 1875 - sauf si la personnalité du détenu justifie qu'il ne soit pas seul ou s'il le demande -, mais avec un nouveau moratoire de cinq ans pour son application. Quand on sait que, dans les maisons d'arrêt, la densité carcérale est de 136 %, il s'agit d'un leurre. De même, et en dépit des mises en garde du contrôleur général des lieux privatifs de liberté sur les risques d'un tel "tri", l'administration pénitentiaire pourra réserver un régime plus dur aux détenus réputés pour leur dangerosité sans avoir à le motiver. Au final, on voit mal en quoi cette réforme viendra à bout de la surpopulation carcérale et du cortège de maux qu'elle provoque.

 

PRISONS : 115 DETENUS SE SONT SUICIDES EN 2009

Au moins 115 détenus se sont suicidés en prison en 2009, contre 109 l'année précédente, a annoncé lundi la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie lors d'un point de presse.

L'an dernier, 115 détenus sont décédés dans leur cellule ou à l'hôpital après une tentative de suicide, a-t-elle précisé. La ministre a noté que 84 suicides avaient été enregistrés avant l'instauration de mesures de prévention des suicides et 31 après. Selon la ministre, le mode opératoire était la pendaison à 90% et 15% des suicides ont été enregistrés en quartiers disciplinaires.

Par ailleurs, sept autres personnes sous écrous en semi-liberté ou hospitalisées se sont suicidées l'an dernier soit un total de 122 suicides de personnes "sous écrous".

La ministre a également annoncé le lancement d'une expérimentation dans la prison de Nanterre (Hauts-de-Seine) avec l'association créée par l'ancien homme d'affaires Pierre Botton après son séjour en prison. Elle visera à améliorer les conditions d'accueil des détenus, en particulier les primo-délinquants, par des mesures concrètes. AP et NouvelObs 18.01.2010

 

Le ministère de la Justice a publié les chiffres de la population carcérale au 1er janvier 2010. Certains aménagements de peine ont permis une baisse du nombre de personnes incarcérées depuis l'année dernière.

Avec les ouvertures des nouveaux établissements pénitentiaires entre 2008 et 2010 (Mont-de-Marsan, Saint-Denis de la Réunion, Roanne, Lyon-Corbas, Nancy-Maxéville, Poitiers-Vivonne, Béziers et Le Mans), le parc pénitentiaire compte désormais 54 988 places opérationnelles au 1er janvier 2010. Ce qui représente une hausse de 8,5 % en deux ans (50 693 places au 1er janvier 2008).

Le nombre de personnes incarcérées est de 60 978 personnes au 1er janvier 2010. Soit une baisse de 2 % par rapport au mois de janvier 2009 (62 252). Une tendance que confirment les statistiques mensuelles : 62 181 personnes incarcérées au 1er décembre 2009, soit une baisse mensuelle de 1,9 %.

Le nombre de personnes prévenues s’élève à 15 395 pour 45 583 personnes condamnées. En janvier 2009, on dénombrait 15 933 prévenus, ce qui représente une baisse du nombre de prévenus de 3,4 % en un an.
Les mineurs détenus sont au nombre de 669, soit une hausse mensuelle de 2,3 % (654 au 1er décembre 2009) et une baisse de 0,9 % par rapport à l’an dernier (675 au 1er janvier 2009). Les mineurs détenus représentent 1,1% des personnes incarcérées.

Davantage d'aménagements de peine

Les aménagements de peine ont progressé de 22,6 % en un an (5 946 au 1er janvier 2009) et de 47,5 % en deux ans (4 943 au 1er janvier 2008). Au 1er janvier 2010, quelque 7 292 personnes écrouées bénéficient d’un aménagement de peine, ce qui représente 14,4 % du total des détenus.
Parmi elles :

  • 1 138 personnes bénéficient d’une mesure de placement à l’extérieur (872 au 1er janvier 2009) ;
  • 1 665 d’une mesure de semi-liberté (1 643 au 1er janvier 2009) ;
  • 4 489 d’un placement sous surveillance électronique (3 431 au 1er janvier 2009).

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Nous lançons... l'ALERTE  N° 1   Au 1er janvier 2010, il y avait plus de 60 978 détenus (dont 26 % de prévenus) dans les prisons françaises, pour 54 988 places ; la surpopulation carcérale atteint des niveaux alarmants, surtout dans les maisons d'arrêt (4-5 personnes vivent sur 9 m²). Certains de ces établissements affichent une densité supérieure à 200 % (200 détenus pour 100 places). La "marmite" risque d'exploser à tout moment.    Ne remplissez plus les prisons elles débordent !     (Site Prisons 1.01.2010) 

2009 : LES PRISONS FRANCAISES RISQUENT D'EXPLOSER A CAUSE DE LA SURPOPULATION  : L'ENTASSEMENT INCITE AU SUICIDE ET VIOLE LE CODE DE PROCEDURE PENALE (articles 716 et 719 - article 189). Le traitement des détenus devient totalement inhumain et dégradant.  

  Nous lançons... l'ALERTE N° 2    Le nombre de suicides en détention a atteint 115 personnes en 2010, dépassant la "cote d'alerte" (en 2001 il y eut 104 suicides sur 12 mois).  Chaque jour, 3 tentatives de suicide en prison (donc 90 tentatives par mois), et 3 débuts de grève de la faim par jour.     (Site Prisons 01.01.2010)

  Nous lançons... l'ALERTE N° 3    Le nombre de prisons en projet de construction, annoncé par le garde des Sceaux et Pierre Bédier le 21 novembre 2002, ne solutionnera absolument pas le problème des prisons françaises. Ce problème est non pas d'abord une question de locaux, mais une question d'état d'esprit des mondes judiciaire et pénitentiaire qu'il faut d'abord réformer en urgence. Il faut "sanctionner et relever", et non "sanctionner et anéantir". Arrêtons la casse ! Il faut aussi utiliser en plus grand nombre les peines de substitution, éviter au maximum les détentions provisoires, doubler ou tripler le nombre des travailleurs sociaux affectés au travail dans les prisons. (Philippe Auzenet - Site Prisons - 1.07.2006)


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