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  JUSTICE ET PRISONS : 

CE QUI DOIT EVOLUER OU CHANGER...

  Le point de vue du Site "Prisons", qui écoute et réagit en tenant compte de vos réactions 


            Chaque citoyen Français peut un jour passer l'itinéraire ci-dessous... si une quelconque plainte est déposée contre lui, qui retient l'attention du procureur de la République. Beaucoup de comportements et de règlements restent à réformer en urgence, pour que la dignité humaine soit respectée. Malheureusement les administrations judiciaire et pénitentiaire ne sont pas à l'écoute de leurs "clients", des faits réels et si nombreux le prouvent. Il n'y a pas de dialogue réel dans ces administrations. La lecture des courriers que vous nous avez adressés confirme les éléments qui suivent.

 

L'INTERPELLATION

                Tout devrait être fait pour que l'interpellation d'une personne (sauf lorsqu'on estime qu'elle est infiniment dangereuse dans son comportement) se produise d'une manière discrète et banalisée : des policiers en civil, une voiture neutre, du respect et de l'humanité. Laisser le soin à la personne interpellée de prévenir sa famille, d'annuler ses rendez-vous éventuels, de prévenir son patron, de faire assurer la garde de ses enfants le cas échéant.

On devrait aussi systématiquement conseiller  à la personne interpellée de prendre ses papiers, et de l'argent afin de pouvoir commander de la nourriture lors de la garde à vue (en effet vous ne serez pas nourri : seulement logé...).

 

 LA GARDE A VUE 

                On doit pouvoir procurer un repos décent à celui qui est interrogé, en mettant un lit à sa disposition ; on doit lui donner la possibilité de faire sa toilette le matin, d'avoir un petit-déjeuner et des repas normaux. Actuellement la personne en garde à vue dort souvent sur du béton, à même le sol de la cellule, sans matelas, sans oreiller et sans hygiène, avec seulement une couverture à disposition. Elle ne peut faire sa toilette, se raser, et les w.c. sont à la turque, munies d'un surveillant qui restera à un mètre de vous, la porte ouverte, de peur que vous ne tombiez dans le trou...

Dans votre cellule de garde à vue, une caméra est branchée sur vous en permanence ainsi qu'un projecteur. Toute la nuit vous entendez les discussions et les blagues du personnel de surveillance qui boit du café et discute dans la pièce à côté. Vous ne pourrez dormir. Le manque de sommeil et de confort, le fait que des repas ne soient pas servis,  seraient-ils utilisés pour vous affaiblir dans votre équilibre psychologique et physique ? on peut se poser la question. Quand on sonne la nuit car on a un problème, parfois le personnel de surveillance ne se déplace pas (ils dorment ou regardent la télé ?).

Les pressions psychologiques utilisées pour faire avouer la personne mise en garde à vue démontrent que la loi n'est pas respectée. En effet la loi stipule que vous êtes présumé innocent ; le contraire se produit dans la pratique, vous êtes un candidat à la punition et à l'incarcération dès le début de la garde à vue. Alors les policiers vont se relayer pour vous faire avouer, ce qui donne parfois de faux aveux ou des adaptations irréelles de vos propos, dans le sens d'aveux potentiels, car ils savent que vous êtes insécurisé et fragilisé. On cherche à vous impressionner, à vous intimider. Nombreux ont été témoins de ces choses.

D'autre part, il y a une différence foncière entre les paroles que vous prononcez et leur transcription par écrit. Dans certains cas, et ceci a été formellement dénoncé par certains avocats, ainsi que par les personnes ayant effectué un jour une garde à vue, les policiers transformeraient la formulation de vos phrases de telle manière que leur lecture postérieure par écrit soit en votre défaveur et dans le sens de votre culpabilité (ce qui témoignera contre vous lors du procès éventuel et de la décision finale des juges). On vous demandera ensuite de signer : bien sûr, vous n'avez pas le temps et la force de tout relire, et de contester la forme de ce qui est écrit, parce que vous êtes exténué, vous n'avez plus les idées claires et tout se mélange dans votre tête suite aux pressions et à la froideur de l'interrogatoire. Alors vous signez (ce qui signifie, dans l'esprit des policiers, que vous êtes d'accord avec ce qui est écrit). Et vous tomberez de haut le jour du procès, car on aura extirpé une ou deux de ces phrases pour construire l'accusation contre vous, elles seront nommées publiquement devant tout l'auditoire.

 

LA COMPARUTION DEVANT LES INSTANCES JUDICIAIRES

                Vous venez de passer 24 ou 48 heures en garde à vue au commissariat (72 heures en cas de soupçon de terrorisme), sans dormir ou presque, sans avoir mangé ou presque, exténué par les interrogatoires fréquents, coupé de vos proches et assommé à cause de la manière globale dont vous avez été traité. On vous a menotté et attaché à un policier, transporté en "panier à salade"entre le commissariat et le palais de justice. Vous voilà à attendre dans un couloir, attaché à ce policier (comme un animal en laisse, ce qui vous vient tout de suite à l'esprit). Vous vivez dans la honte, et comme dans un cauchemar. Une heure, deux heures, trois heures peuvent passer. Vous somnolez et avez mal au ventre. Vous avez mal à la tête. Vous n'êtes pas rasé et vous sentez mauvais. Vous commencez à déprimer.

On vous fait entrer dans le bureau du procureur puis du juge. Sachez que durant le dialogue froid et court qui va s'installer, vous entrerez certainement dans une relation conflictuelle si vous parlez et essayez de vous expliquer pour dire les réalités de la vérité que vous seul connaissez (ce qui peut vous obliger à rectifier les propos du procureur ou du juge lorsqu'il s'exprime ou qu'il dicte des phrases au greffier, car il a déjà une explication des faits qui va souvent dans le sens de l'interprétation de votre culpabilité. La présomption d'innocence n'est alors pas appliquée). Vous serez surpris de voir que vous ne comptez pas, seuls vos actes antérieurs ou ce que l'on vous reproche comptent. Vous êtes entièrement assimilé aux actes que l'on vous reproche, même si dans la pratique vous vous en êtes repenti, ou que vous êtes purement innocent. Vous avez le sentiment de ne pas exister et que tout se passe sans vous, votre présence est en fait une sorte de parade, vous êtes comme dans une pièce de théâtre où les acteurs évoluent : les professionnels du pouvoir judiciaire, la police, l'avocat, et vous. Vous, en tout dernier. Vous êtes choqué, traumatisé, médusé, car vous découvrez cela sans pouvoir y mettre les mots qui conviennent. Des pensées de destruction vous hantent.

Puis le couperet tombe ; soit vous êtes mis en examen, donc sous contrôle judiciaire assorti de mesures précises (ne pas fréquenter certaines personnes et certains lieux - payer une avance financière - ne plus exercer votre activité professionnelle - pointer régulièrement auprès d'un contrôleur judiciaire ou d'un gendarme - ne pas sortir du département sans autorisation), soit vous êtes libéré sans contrôle, soit vous êtes placé sous mandat de dépôt et incarcéré de suite.

 

LE CONTROLE JUDICIAIRE

                Les mesures de votre contrôle judiciaire vont vous contraindre dans beaucoup de domaines, et faire de vous un DEPENDANT d'une administration durant des années. Vous allez devoir régresser psychologiquement, comme si vous retourniez à l'école maternelle. Pointer chaque semaine ou tous les quinze jours, rendre compte de vos faits et gestes et de vos déplacements, tout cela va vous abrutir et vous mettre dans la position psychologique d'un otage. Vous le vivrez comme si vous étiez un otage. La surveillance, les filatures dont vous faites l'objet durant des mois, vous et votre famille, ne vont pas améliorer votre santé mentale. Au téléphone vous deviendrez paranoïaque car vous vous douterez que vous êtes sur écoute. Dès que vous sortirez de chez vous, vous vous douterez aussi que l'on doit vous suivre et vous accélérerez le pas, ou garderez les yeux rivés sur les rétroviseurs si vous êtes en voiture. Et en effet dans certains cas vous apercevrez des voitures banalisées qui se relaient derrière vous. Un vrai ballet aux frais des contribuables. Les rond-points vous en donneront confirmation si vous faites deux ou trois fois le tour à la suite, et que vous retrouvez la même voiture qui vous suit quelques minutes plus tard.

Un contrôle judiciaire ne devrait pas excéder  6 mois  au plus. Au delà les conséquences psychologiques, physiques, matérielles deviennent graves pour le mis en examen et sa famille. Sachez qu'en France on va prolonger indéfiniment la période de votre contrôle judiciaire car la justice ne dispose pas assez de personnel pour que vous soyez jugé dans des délais raisonnables. Un an, deux ans, trois ans vont peut-être passer sans qu'on vous donne de nouvelles. Des personnes de votre entourage vont être interrogées et vont vous rendre compte de la manière dont leur interrogatoire s'est produit : vous tomberez de haut ! Les victimes éventuelles des anciens actes que l'on vous reproche seront traitées de la même manière et vont déprimer en voyant que leur plainte n'aboutit pas. Elles se sentiront elles aussi comme des otages et ne comprendront plus rien. Tous rentreront dans la révolte.

Puis, une date sera fixée pour votre procès, qui est susceptible de changer au dernier moment et d'être repoussée si trop de dossiers arrivent en même temps. La justice, en France, est affreusement lente par manque de moyens. C'est "à s'arracher les cheveux".

 

LE PROCES

                En tant qu'accusé, vous aurez beaucoup de mal. Vous aurez l'impression de vous trouver au beau milieu d'une scène théâtrale. Le personnel judiciaire est vêtu de longues robes, et fait des effets de manches. On se croirait au Moyen-Age. Vous serez jugé en quelques minutes, sur des faits dont vous auriez aimé donner davantage d'explications, mais comme il vous semble qu'on ne vous croit pas, et que l'on ne vous donne pas suffisamment de temps de parole, vous resterez un spectateur abasourdi, et traumatisé à vie. Lorsque le verdict tombera, vous serez comme assommé. 

Si vous estimez que la peine est juste, vous serez soulagé. Si la peine est injuste à vos yeux, vous ne comprendrez plus rien à la justice humaine pour le restant de votre vie, vous n'aurez aucune explication postérieure qui justifierait la décision des juges, vous n'aurez plus qu'à ruminer les faits, à vous taire et à entrer en dépression. Vous aurez le temps de pleurer dans la cellule de la  maison d'arrêt, où l'on ne vous fournira même pas de mouchoirs.

 

LA DETENTION

                Une grande partie des personnes incarcérées (75 %) ne devrait jamais être mises en prison mais dans d'autres structures plus intelligentes, plus performantes, bref, des structures qui ne fabriquent pas la récidive. Des peines alternatives devraient être développées en urgence, en se donnant les moyens de les faire appliquer. L'important est le résultat de la peine, mais pas seulement son côté punitif et humiliant. Punir et relever, oui, mais punir et détruire, non.

Or, à l'heure actuelle, les prisons françaises sont des établissements qui sont en fait d'immenses écoles du vice, de la délinquance et du crime, à cause de la promiscuité et de la solitude morale. L'État finance ces écoles de la récidive, le pouvoir se masque les yeux et se bouche les oreilles pour ne pas y réfléchir, et n'adopte aucunement les mesures courageuses qui s'imposent. On injecte des milliards dans des pots de peinture, des réfections de locaux (c'est plus facile), mais là n'est pas le principal problème. On bâtit de nouvelles prisons mais là n'est pas le vrai problème.

Le vrai problème est le résultat négatif  et inefficace du système punitif actuel. Il fabrique les récidivistes comme une photocopieuse. Un changement d'état d'esprit s'impose, allant du moment de l'interpellation du présumé coupable, jusqu'au moment de sa sortie de prison et bien au delà. C'est toute une chaîne humaine dont il faut réformer en urgence l'état d'esprit : chaque maillon est important.

"La solidité d'une chaîne dépend de celle du  plus petit maillon."

L'encellulement, après une mise en examen ou une détention provisoire trop longue, un jugement hâtif dont le sujet n'a pas compris le sens, est néfaste et ne remplit pas son rôle pourtant demandé par la société : une punition qui aboutit à une non-récidive

La détention déstructure la personnalité, désocialise, détruit l'espérance, la volonté, l'esprit d' initiative, la vie familiale, le parcours professionnel de la personne détenue. La détention casse les repères moraux, casse le cheminement de vie, casse le couple, casse l'éducation des enfants qui sont privés de leur(s) parent(s). La détention casse l'équilibre financier, matériel, elle provoque dépressions et maladies psychosomatiques. La détention ne provoque pas l'amendement du coupable, mais sa destruction psychologique et physique, avec de si faibles moyens proposés pour se reconstruire à la sortie, et s'insérer ou se réinsérer dans la société. 

Échec et mat : taux de récidive : 75 % environ. Une usine qui produirait des voitures, avec 75 % de retour pour vice de construction serait immédiatement fermée. Et pourtant, dans le cas des prisons, il ne s'agit pas de voitures mais d'êtres humains : c'est plus grave.

 

CINQ MESURES URGENTES pour commencer à parer à l'inefficacité des prisons actuelles


  • Première mesure urgente à prendre, concernant les prisons actuelles : DOUBLER OU TRIPLER LE NOMBRE DE TRAVAILLEURS SOCIAUX affectés aux Services Pénitentiaires de Probation et d'Insertion. Ils sont en sous-nombre et n'ont plus le temps de s'occuper des personnes détenues : ils ne traitent que de la paperasserie et des dossiers, le disent et en souffrent (ils ne sont pas écoutés).
  • Deuxième mesure urgente : établir le système du "numerus clausus", et ne pas incarcérer plus de personnes que le nombre de places dans chaque établissement, afin d'éviter la surpopulation des prisons, source de tensions insupportables pour les détenus et les surveillants, et source d'inhumanité : on frôle la torture et on met des vies en danger.
  • Troisième mesure urgente : distribuer en nombre plus important les peines de substitution, qui auront une effet punitif MAIS restructurant en même temps. Se donner les moyens humains et financiers de les faire appliquer. Ne réserver la prison qu'aux personnes très dangereuses pour la société. Ne pas incarcérer les personnes psychopathes, mais les placer dans des établissements spécialisés. Ne pas incarcérer les sans-papiers, les petits trafiquants ou (et) consommateurs de drogue, les petits voleurs : les punir différemment.
  • Quatrième mesure urgente : mieux former les surveillants à la prise en charge psychologique, et à l'empathie, en leur donnant un bagage d'éducateur et non de "porte-clefs". Leur formation est trop courte et insuffisante. Les détenus en souffrent et régressent .
  • Cinquième mesure urgente : réfléchir au sens de la peine et au problème de la récidive ;  appliquer de nouvelles mesures concrètes, destinées à réformer l'état d'esprit froid, distant, non-communicatif, non-éducatif, des personnels judiciaires et pénitentiaires, qui dans beaucoup de cas ferment l'accès psychologique à un changement dans la vie de la personne accusée, mise en examen ou détention provisoire, punie puis détenue par la société.

Les prisons actuelles sont surchargées, inefficaces, prêtes à exploser si la surpopulation grandit encore. N'attendons pas des événements imprévisibles, destructeurs, et impossibles à gérer : agissons !  

                                                      

                                           © Le Site "PRISONS" 


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